Santiago de los caballeros
En français, Saint-Jacques des chevaliers, la ville de Santiago de los caballeros est distante de Saint-Domingue d'environ 150 km. Nous reprenons donc la route pour la suite de notre périple.
Santiago est la deuxième plus grande ville du pays et la plus riche due à la concentration des principales industries : ambre bleu, or, argent, sucre, tabac, café, rhum...
En quittant Saint-Domingue nous traversons une partie de la ville moderne avec ses bâtiments administratifs.
Directions générales de l'immigration et des passeports. La République dominicaine a de gros problèmes d'immigration avec les haïtiens. Près de 15 000 d'entre eux ont été expulsés en octobre 2022.
À la sortie de Saint-Domingue nous longeons le Malicón, c'est-à-dire la jetée du bord de mer. J'essaie de prendre quelques photos depuis le car. Beaucoup seront ratées.
La partie vert-clair en haut du tronc correspond à ce que l'on consomme sous le nom de cœurs de palmier. Ph. Delahaye.
Santiago de los Caballeros a été fondée en 1495, par Bartolomé, le frère de Christophe Colomb. En 1506 la ville fut pratiquement détruite par un tremblement de terre. Reconstruite, elle a été détruite à nouveau en 1562 ce qui a obligé ses colonisateurs à la déplacer jusqu’à son emplacement actuel à côté du fleuve Yaque del Norte.
En 1791 débute la Révolte des esclaves dans la partie française de l'île, menée par Toussaint Louverture, d'origine afro-caribéenne. Les insurgés réclament l'égalité républicaine et franchissent la frontière pour conquérir la partie espagnole. Finalement, Toussaint Louverture conclut la paix avec les Français et bat les Espagnols, offrant à la France le contrôle de toute l'île en 1795.
En 1801, Napoléon Bonaparte qui souhaitait se réconcilier avec les espagnols voit d'un très mauvais œil cette émancipation de l'île et envoie un corps expéditionnaire pour y mettre fin. Toussaint Louverture est arrêté, ramené en France où il sera incarcéré au Château de Joux à la Cluse et Mijoux, à la sortie de Pontarlier. Il y mourra le 7 avril 1803 de pleuro-péripneumonie, après un hiver rude, une des caractéristiques du département du Doubs.
Après le déjeuner, visite d'une fabrique de cigares. Le guide de l'entreprise, que l'on a tout d'abord pris pour le patron au vu de son air suffisant, n'a rien expliqué. Il s'est contenté de nous montrer comment tenir le cigare entre les dents. Par contre on avait toute latitude pour faire des photos. Tout l'inverse de Cuba où les explications étaient très intéressantes mais les photos interdites.
Façonnage des cigares. Les ouvriers sont très surveillés et ne peuvent nous parler sans être aussitôt réprimandés. Ph. Delahaye.
La visite se poursuit au Centro León, centre culturel construit en l’honneur du chef d’entreprise León Jimenes, fondateur de la compagnie de tabac La Aurora que nous venons de visiter.
Au-delà de la partie muséale, le but du Centre est de stimuler et d’encourager l’art et la culture dominicaine. C'est pourquoi, comme dans un musée traditionnel, nous découvrons à travers quelques vitrines des objets ayant appartenu aux indiens, premiers habitants de l'île ainsi que leur environnement. Cependant, l'exposition va plus loin avec des salles réservées à la nouvelle société issue du métissage. Enfin, un grand espace est réservé aux artistes contemporains.
À partir de 1502, suite à une situation politique tumultueuse, la colonisation devient très violente et réduit la population locale, les indiens Taínos, à l'esclavage. En l'espace de 50 ans, elle sera complètement exterminée par les répressions, le travail forcé dans les mines, les plantations et les épidémies apportées par les espagnols. Sur les 400 000 Taínos vivant initialement sur l'île, 60 000 seraient toujours en vie en 1508 et seulement quelques douzaines en 1535.
Comme la population locale ne suffit plus pour l'extraction minière et le travail dans les plantations de cannes à sucre, les colons espagnols capturent dès 1503 des esclaves en Afrique. L'arrivée massive d'Africains aura une influence considérable sur la culture, la politique et la composition ethnique de l'île. La conquête de l'île par les espagnols a donc engendré une nouvelle société métisse où les cultures aborigènes, espagnoles et africaines se sont mêlées, l'apport des africains étant surtout la musique.
Quelques salles sont consacrées aux objets de la vie quotidienne de la colonie espagnole retrouvés sur des galions naufragés. Objets appartenant à la Direction Nationale du Patrimoine culturel sub-aquatique. Ph. Delahaye.
Après cette visite très intéressante, nous enchaînons avec le Monument aux Héros de la Restauration, symbole de la ville de Santiago. Situé au centre ville, le monument a été construit en 1953 pour le centenaire de l'Indépendance dominicaine sur ordre du dictateur Trujillo qui lui avait donné son nom. En 1961, après la mort du tyran le nom sera changé pour celui connu aujourd'hui.
Situé sur une colline, le monument en partie en marbre, mesure 70 mètres de haut. À son sommet se dresse l'Ange de la Paix, une imposante statue.
Le Monument aux Héros de la Restauration. Devant, la statue du général Luperón (1839-1897), révolutionnaire et président provisoire de la République dominicaine en 1879.
Tout autour du monument sont disposé des statues des héros de la République avec en tête les Pères de la Patrie qui sont Juan Pablo Duarte (1813-1876), Ramón Matías Mella (1816-1864) et Francisco del Rosario Sánchez (1817-1861). Ils avaient fondé une société secrète appelée la Trinitaria pour se libérer du joug haïtien. L'Indépendance de la République dominicaine sera proclamée le 27 février 1844.
Si la République dominicaine a pris officiellement son indépendance en 1844, l'histoire de ce pays reste marqué par une grande instabilité politique et des interventions étrangères notamment de la part des États-Unis, en 1916 puis en 1965 suite à la guerre civile qui sévissait dans la République.
Aujourd'hui, l'instabilité politique est toujours présente avec 21 partis politiques.
Au pied du Monument aux Héros dominicains, des statues sont là pour rappeler l'importance du carnaval dont l'origine est à la fois cubaine et haïtienne. Une statue de la Robalagallina exagerada montre une femme obèse en crinoline, couverte de volants et dotée d'un énorme bustier et d'un immense postérieur. Ce sont le plus souvent des hommes déguisés en femmes.
Les visites se terminent. Nous remontons dans le car pour regagner notre hôtel.
À suivre : Puerto Plata http://absinthemuseum.auvers.over-blog.com/2023/02/puerto-plata.html
Pour faire le voyage depuis le début, cliquer sur : http://absinthemuseum.auvers.over-blog.com/2023/01/c-est-decide-je-repars.html