Carthage et Sidi Bou Saïd
À quelques kilomètres de Tunis, Carthage est là pour rappeler par la présence de ses sites archéologiques, son exceptionnel passé. La ville fut fondée au IXe siècle avant J.-C.. Au IVe siècle avant J.-C., elle dominait la Méditerranée occidentale avec la conquête de la péninsule ibérique et de la Sicile.
Au IIe siècle avant J.-C., sous le commandement du général Hannibal, les carthaginois arrivent après avoir franchi les Pyrénées et les Alpes sur le sol romain et menacent Rome. Trois guerres puniques ou guerres romano-carthaginoises opposèrent durant plus d’un siècle les deux grandes puissances méditerranéennes de l'Antiquité, la Rome antique et la civilisation carthaginoise ou civilisation punique. Ce sont deux empires qui s'affrontèrent : Une puissance continentale et européenne d'un côté et une puissance maritime et africaine de l'autre.
C'est à la fin de la troisième guerre punique que Rome parvint à conquérir les territoires carthaginois et à détruire Carthage, devenant ainsi la plus grande puissance de la Méditerranée occidentale. Par la suite, les romains avec Jules César, reconstruisirent la ville.
Aujourd'hui, Carthage est classée au patrimoine mondial de l'Unesco. Elle recense de nombreux sites archéologiques disséminés un peu partout dans la ville. Au cours de la visite, qu'il vaut mieux faire avec un guide, il ne faut pas s'arrêter sur l'aspect de certains vestiges qui ont été complètement restaurés mais avoir en tête qu'ils étaient là, à cet endroit-là, 200 ans avant ou après Jésus-Christ.
C'est le cas du Théâtre romain, construit au IIe siècle après J.-C. et complètement détruit au Ve siècle par des vandales. Il sera reconstruit au cours du XXe siècle, dans ses dimensions colossales pour recevoir chaque été, le "Festival International de Carthage" de réputation internationale.
Il ne faut pas confondre le Théâtre romain avec l'Amphithéâtre romain qui se trouve en contrebas de la colline de Byrsa. Construit à la fin du 1er siècle après J.-C., il accueillait les jeux du cirque.
La colline de Byrsa est un espace muséale complet avec le musée archéologique, une zone de vestiges en plein air et au sommet la cathédrale Saint-Louis.
Au pied de la colline de Byrsa, l'Édifice à colonnes est situé au cœur de l'ensemble du site archéologique. Ph. Delahaye.
Depuis l'Édifice à colonnes, la vue est dégagée sur Carthage et la grande Mosquée Mâlik ibn Anas. Elle a été érigée en 2003 au lieu-dit La Colline de l'Odéon, sur une superficie de trois hectares au cœur du site archéologique.
Après l'Édifice à colonnes, nous continuons à suivre le chemin qui monte vers le sommet de la colline de Byrsa où se trouve la cathédrale Saint-Louis. Nous traversons un quartier apparemment récent fait de très belles maisons au milieu des bougainvilliers et des orangers.
La Cathédrale Saint-Louis
La tradition situe la mort de Saint-Louis en 1270 sous les murs de Carthage durant la huitième croisade. Une chapelle y est construite en 1830. Elle sera détruite en 1950.
Avec l'avènement du protectorat français en 1881, une cathédrale est édifiée au sommet de la colline entre 1884 et 1890. Avec l'indépendance de la Tunisie en 1956, la cathédrale est désaffectée en 1964. Elle sert depuis 1993 de lieu d'expositions et de concerts de musique tunisienne.
La cathédrale Saint-Louis de style néo-bysantin avec 2 grandes tours carrées et trois nefs. PH. Delahaye.
Fouilles au niveau de l'Amphithéâtre près de la cathédrale Saint-Louis. Carte postale, 1910. Ph. Wikipedia.
Après ces premières visites où malheureusement nous n'avons pas pu visiter ni la mosquée ni la cathédrale qui étaient fermées, nous descendons vers le bord de mer où se trouvent d'autres lieux emblématiques.
Les Thermes d'Antonin.
C'est le plus vaste ensemble thermal romain construit sur le sol africain. Entièrement vandalisé et dépouillé de ses matériaux pour la construction de monuments, seuls ne subsistent qu'une grande partie du sous-sol d'origine et quelques vestiges du rez-de-chaussée situés près du rivage.
Il nous restait encore à voir les Maisons romaines ou du moins ce qu'il en reste. Elles ont été construites au IIe siècle sur les pentes de la colline de l'Odéon non loin du Théâtre romain. Dans ce parc des villas romaines, le visiteur peut déambuler dans un quartier de la ville antique en grande partie dégagé. Le parc comporte en particulier la villa de la volière, villa romaine la mieux conservée
La découverte des différents sites aurait pu se prolonger mais il commençait à être tard et nous voulions déjeuner à Sidi Bou Saïd, situé à une petite dizaine de kilomètres. Nous avons donc fait l'impasse sur le musée archéologique installé dans l'ancien couvent des pères blancs.
Pour l'anecdote, Rome et Carthage n'ont jamais signé de traité de paix après la prise et la destruction de Carthage par les Romains en 146 av. J.-C. C'est en 1985 que les maires de Rome et de la municipalité de Carthage ont signé un traité de paix et un pacte d'amitié.
Sidi Bou Saïd
Avec ses rues pavées et ses maisons de chaux blanche aux volets bleus, ce village perché sur une falaise a un charme fou.
La bourgeoisie tunisienne a été séduite par Sidi Bou Saïd dès le XVIIe siècle. Elle s'y est fait construire des demeures luxueuses de style arabo-musulman. Au XIXe siècle l'engouement reste le même.
En 1915 un décret impose le bleu et le blanc et interdit toute construction anarchique, faisant de Sidi Bou Saïd le premier site classé au monde.
Rue traditionnelle avec portail clouté et moucharabieh bleus qui permettent aux femmes de regarder dans la rue sans être vues. Ph. Delahaye
Sidi Bou Saïd est très prisé des touristes, pour la grande majorité originaires d'Afrique du Nord en cette période hors saison, qui se pressent dans les rues et les cafés. Parmi ces derniers, deux sont incontournables : Le Café des nattes, en hauteur, qui permet d'observer le va-et-vient de la rue principale et le Café des délices, chanté par Patrick Bruel.
Notre choix se porte sur le Café des délices qui domine le golfe de Tunis. Il se voit depuis la rue haute et est reconnaissable avec ses parasols bleus.
Après cette pause déjeuner, balade dans les belles rues pavées où les marchands proposent leur artisanat. Puis retour sur Hammamet.
Je termine ce reportage sur cette semaine en Tunisie par cette magnifique photo de nuit du Café des délices.
Je vous dis "À bientôt" pour un autre voyage.
Pour relire le premier article sur la Tunisie : Noël au soleil de la Tunisie.