Adieu Jean-Jacques
Tu étais mon ami. Mon meilleur ami.
On ne se voyait pas souvent. Un jour par an seulement. Mais depuis une vingtaine d'années nous avions une correspondance très suivie dans laquelle les sentiments étaient à la hauteur de la confiance que nous avions l'un dans l'autre.
Tu viens de nous quitter après un an de maladie et de soins. Ton cœur a brutalement lâché jeudi dernier, 5 janvier.
C'est lors de ma venue pour les Absinthiades que nous avions plaisir à passer une journée ensemble. Nous nous donnions rendez-vous à midi dans la boutique de Christophe Racine à Môtiers puis nous déjeunions au restaurant des Six-Communes. Ensuite, nous allions voir les uns, les autres, distillateurs ou pas. Tu me racontais les derniers potins du vallon et en fin d'après-midi, chacun reprenait sa route.
En 2009, nous avons parcouru tout le Val de Travers à la recherche des maisons ou endroits qui avaient abrité des distilleries. Sans ton aide précieuse, je n'aurais jamais pu écrire le livre "L'Absinthe-de Pontarlier au Val-de-Travers". Tu m'as également fait connaître le merveilleux écrivain et conteur Jacques-André Steudler aux mille anecdotes savoureuses.
En 2019, tu m'a fait découvrir la Fontaine à Louis. On s'était promis de monter plus haut l'année suivante, jusqu'aux gorges de la Poëta-Raisse avec sa magnifique cascade.
Et puis, il y a eu deux ans de covid, sans Absinthiades. Deux ans sans se voir.
Je suis revenue en octobre 2022 pour les 20e Absinthiades. Nous avons retrouvé nos habitudes : rendez-vous chez Racine et déjeuner aux Six-Communes. Mais tu étais très fatigué et a souhaité rentrer chez toi pour te reposer. Pas de promenade cette année. Désemparée, je suis allée faire un tour à Neuchâtel.
Nous nous étions quand même dit "À l'année prochaine". Je ne pouvais imaginer que je te voyais pour la dernière fois.
Je n'imaginais pas non plus en faisant en novembre dernier un article sur toi intitulé "Le blog de Duvallon" que j'écrivais une sorte d'hommage de façon prémonitoire. Oui, l'Absinthe Duvallon, c'est la tienne. Concoctée avec amour en souvenir des membres de ta famille qui ont laissé leur nom dans le monde de la distillerie clandestine : la Marta, la Malote et d'autres..
Ton absinthe, parmi les meilleures, a ravi de nombreuses papilles. Qu'elle apporte à ceux qui auront la chance de la déguster ce sourire de contentement que j'ai réussi à capter.
Tu fais maintenant parti intégrante de l'histoire de l'absinthe. Personne n'oubliera les connaissances que tu avais de la distillation, tes récits et commentaires écrits d'une plume alerte, ton esprit frondeur et en un mot, ta personnalité complexe et attachante.
Adieu mon ami que je pleure.