Les rousses à l’affiche!

Publié le par Marie-Claude DELAHAYE

L’avez-vous remarqué ? Sur toutes les affiches qui sont là pour faire vendre telle ou telle marque d'absinthe, ce sont des petites femmes à l’air déluré et rousses qui font la publicité.

Carton publicitaire pour l'absinthe Jules Pernod. Coll. Delahaye.

Carton publicitaire pour l'absinthe Jules Pernod. Coll. Delahaye.

Affiche pour l'Absinthe Jules Pernod. Coll. Musée d'Art et d'Histoire de Pontarlier.

Affiche pour l'Absinthe Jules Pernod. Coll. Musée d'Art et d'Histoire de Pontarlier.

Aujourd’hui les femmes rousses ont la cote, cette couleur flamboyante au soleil leur conférant une certaine personnalité. On ne peut s’empêcher de penser aux chanteuses Mylène Farmer et Axel Red et aux comédiennes Rita Hayworth ou plus proches de nous, Audrey Fleurot et Odile Vuillemin. Je ne peux toutes les citer mais tous les médias les portent aux nues. Dans l’art également, les muses arborent souvent une chevelure rutilante : Botticelli, Klimt…

Il n’en a pas toujours été de même. Dans de nombreuses cultures, les roux ont longtemps été considérés avec méfiance. Au cours de l’histoire, les rousses ont été tour à tour des sujets d’opprobre ou de fascination. Au Moyen-Âge, elles étaient souvent vues comme étant des sorcières et bon nombre finirent sur un bucher. Est-ce le surplus de molécules soufrées dans leurs fibres capillaires qui les apparentaient à des émanations du diable ?

Les femmes rousses avaient une telle mauvaise réputation qu’une ordonnance de Saint-Louis de 1254 obligeait les prostituées à se teindre les cheveux en roux pour se distinguer des femmes respectables. Et aux XVIIIe et XIXe siècles, on ne confiait jamais un enfant à une nourrice rousse car disait-on, elle communiquait à son lait une mauvaise odeur.

Le cliché de la femme rousse à mi-chemin entre la sorcière et la prostituée persiste donc sur les affiches publicitaires au XIXe siècle. Elle est là pour attirer le regard, susciter l’envie et entraîner le consommateur vers une pente fatale.  Les petites femmes délurées de l’absinthe Parisienne et de l’absinthe Robette, en sont les meilleures représentantes. L’une veut convertir à l’absinthe le médecin sorti tout droit d’une pièce de Molière qui la met en garde, en lui disant : « Bois donc, tu verras après ! ». L’autre, vestale nue sous ses voiles est toute en sensualité au milieu des volutes pleines de promesses de l’absinthe.

Affiche pour l'Absinthe Parisienne. Coll. Delahaye.

Affiche pour l'Absinthe Parisienne. Coll. Delahaye.

Affiche pour l'absinthe Robette. Coll. Delahaye.

Affiche pour l'absinthe Robette. Coll. Delahaye.

Sous le crayon de Cappiello, les petites femmes au corps souple sont toujours en mouvement. Elles expriment la  joie de vivre et leur tempérament de feu. Cest le cas pour l’absinthe Ducros tandis que pour l’absinthe Gemp-Pernod, le message est très explicite : « Suivez-moi monsieur, j’ai de la bonne absinthe ».

Carton publicitaire pour l'Absinthe Ducros. Coll. Delahaye.

Carton publicitaire pour l'Absinthe Ducros. Coll. Delahaye.

Affiche pour l'Absinthe Gemp-Pernod. Coll. Delahaye.

Affiche pour l'Absinthe Gemp-Pernod. Coll. Delahaye.

D'autres vont encore plus loin dans la suggestion.

Affiche pour l'Absinthe Premier Fils. Coll. Luauté.

Affiche pour l'Absinthe Premier Fils. Coll. Luauté.

Mais  toutes les rousses ne sont pas comme ça ! Certaines, bourgeoises et de bon aloi se préparent une absinthe sagement, sans provocation ! 

Affiche pour l'Absinthe Premier Fils. Coll. Delahaye.

Affiche pour l'Absinthe Premier Fils. Coll. Delahaye.

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :