Une médaille pour l'Absinthe Junod
La distillerie créée à Pontarlier en 1838 par Arthur Junod a eu des débuts modestes avec un seul alambic. En 1844, elle en possédait deux auxquels quatre autres s'ajoutèrent quelques années plus tard. L'entreprise était déjà florissante quand le fils, également prénommé Arthur, prit la succession en 1870. Sous son impulsion, la distillerie prit un nouvel essor par la construction d'une usine moderne, rue de Besançon à Pontarlier.
Une publicité intensive sous forme de beaux objets, affiches, tôles lithographiées, cartes postales, va faire connaître la marque dans le monde entier. (Voir mon Dictionnaire des marques, volume 4 -lettres GHIJ- pages 306 à 342).
Les récompenses sont nombreuses. Voici tout droit sortie de ma collection, une médaille d'argent de récompense à l'Exposition industrielle des Beaux-Arts et Scolaire à Oran en 1880.
Sur l'avers de la médaille, la muse des arts et la muse des sciences et techniques encadrent l'ancien blason de la ville d'Oran. Celui-ci est caractéristique du XIXe siècle avec, en partie supérieure, une nef surplombant un soleil levant ainsi que deux lions debout, gardiens des tours d’un domaine héraldique. Dessous, se tient le croissant propre à la religion musulmane et enfin un palmier au milieu des dunes.
Au début du XXe siècle, des variations vont dans le sens d’une suppression progressive de l’écusson des Bourbon d’Espagne. Les nouvelles armes conservent l’organisation générale en écartelé sous un chef. Toutefois, la France y tient désormais la place d’honneur : les fleurs de lys soulignent la conquête d’Oran sous le règne de Louis-Philippe. Surtout, un coq ayant la patte dextre posée sur une boule rappelle la puissance coloniale de la France. La nef antique est dotée d’une flamme tricolore, Cette nouvelle version des armoiries remonterait au moins à 1911. (Source https://www.alysgo-apollo.org/IMG/pdf/les_armes_d_oran.pdf.)
En bas de la médaille est gravé A. Desaide Paris.
Alphonse Desaide (1850-1911) était graveur et éditeur de médailles françaises. Son père Louis Desaide (1820-1876) avait lui-même été éditeur de médailles, gérant de l'atelier "Roquelay et Desaide, graveurs sur métaux". Il possédait deux boutiques, une au 56 quai des Orfèvres et une autre rue de l'Arbre-Sec. Très actif de 1850 à 1880, il fournissait Napoléon III et la Monnaie de Paris.
Alphonse Desaide, surnommé A. Desaide fils mais qui signe A. Desaide est mentionné comme "graveur héraldique" en 1890. Il exerce son métier dans la boutique de son père, quai des Orfèvres. Actif jusque vers 1903, il travaille à la création de médailles et jetons pour les villes, les concours et les expositions.
Médaille en argent massif. Le mot "argent" est écrit sur la tranche. Signature A. Desaide Paris. Diamètre : 40mm.
Sur le revers de la médaille, sont gravé les références : EXPOSITION INDUSTRIELLE DES BEAX-ARTS & SCOLAIRE. ORAN-1880. Au centre, est gravé le nom du récipiendaire JUNOD.
On remarquera l'erreur commise dans l'écriture Beaux-Arts. Voilà une valeur incontestée apportée à cette médaille car elle devient doublement une pièce unique.
Arthur Junod, remettra la direction de son entreprise à son fils Auguste en 1907. Celui-ci continuera à la développer bien après l'interdiction de l'absinthe puisqu'il y aura dans les années 1930 un pastis Junod.