La distillerie Premier fils
La distillerie Premier fils dont la marque distinctive est une croix suisse surmontée d'une étoile, a été créée à Romans dans la Drôme en 1832. (Voir le livre de Jean-Pierre Luauté : Premier-Henry. Une dynastie de distillateurs romanais. En vente chez l'auteur).
La monographie Les Grandes Usines réalisée sous la direction de Louis Turgan en 1900, consacrée à la distillerie Premier fils, complète l'ouvrage de Jean-Pierre Luauté avec de nombreuses photos et descriptions de l'usine.
Monographie Louis Turgan. Récemment offerte par M. François Grison, producteur de cognac, Château de la Magdeleine à Saint-Martin d'Ary en Charente-Maritime.
Description de la distillerie selon Turgan : "Groupés sur des terrains très étendus et couvrant une grande surface bâtie, de vastes bâtiments ont été élevés qui renferment les magasins d'herbes, les magasins d'alcool, la salle des machines, la distillerie, les entrepôts, les ateliers de réparations et d'une manière générale toutes les dépendances d'une grande usine".
"La salle de la distillation proprement dite, de dimension particulièrement vaste, renferme 40 alambics et macérateurs qui fonctionnent sans aucune interruption et permettent de parvenir à une fabrication quotidienne de 8000 litres d'absinthe soit trois millions de litres de liqueur par an.
Deux ponts roulants règnent d'un bout à l'autre de la distillerie et permettent de transporter d'un endroit quelconque à un autre des alambics suivant les besoins du service".
Après la distillation, "l'absinthe n'est pas encore susceptible d'être livrée à la consommation; il est nécessaire de la laisser séjourner de longs mois dans des foudres afin qu'elle perde ce qui lui reste de sa dureté et de son âpreté naturelle. Il faut donc disposer d'un stock considérable d'absinthe fabriquée".
Entrepôts. Catalogue Turgan. Ces réservoirs dont la contenance varie de 50 à 190 hectolitres renferment ensemble près de trois millions de litres d'absinthe, c'est-à-dire la production complète d'une année.
Une mention spéciale est faite à l'Absinthe Oxygénée, dont j'ai déjà parlé à propos de Cusenier.
"Malgré toutes les précautions prises, les alcoolats d'absinthe conservaient toujours, même après rectification, des éthers nuisibles comme les furfurols et les aldéhydes. Il fallut chercher à éliminer complètement ces éléments. M. William Saint-Martin poursuivit durant plusieurs années la solution de ce problème par l'oxydation en quelque sorte des alcools, mais ces appareils n'étaient tout d'abord que des instruments de laboratoire. Dès qu'ils purent être employés pratiquement dans l'industrie, vers 1894, M. Premier n'hésita pas à monter à Romans un appareil William Saint-Martin. Il devient alors facile de purifier absolument l'absinthe en la traitant par l'ozone et l'oxygène".