Bayamo, la ville rebelle
Bayamo est environ à 120 kilomètres de Santiago mais peu après avoir quitté la ville, à une vingtaine de kilomètres, nous nous arrêtons à la Basilique de Notre-Dame de la Charité dans le petit village d'El Cobre. Son nom tient au fait que les conquérants espagnols avaient découvert des mines de cuivre qui furent exploitées à ciel ouvert jusqu’à l’année 2000. Depuis, quelques filons d’or ont été trouvés aux abords de l’ancien chantier.
El Cobre est surtout fréquenté pour sa Basilique qui est l’édifice religieux le plus connu de Cuba car un haut lieu de pèlerinage.
La légende dit que c’est au cours de l’année 1612 que deux indiens, Juan y Rodrigo de Hoyos et un enfant esclave noir furent envoyés chercher du sel dans la baie de Nipe dans une frêle embarcation. Ballotés sur les flots ils virent une lumière sur les eaux et ramèrent jusqu’à elle. C'était une petite statue de Vierge noire fixée à une planche sur laquelle il y avait une inscription «Yo soy la Virgen de la Caridad», (Je suis la Vierge de la Charité). Les enfants virent là un signe du ciel.
Une petite chapelle fut bâtie puis remplacée par la Basilique actuelle inaugurée en 1927. Une minuscule statue de la Vierge en robe dorée siège derrière l’autel.
Au cours de la seconde Guerre d’Indépendance à la fin du XIXe siècle – la Guerre des dix ans - les Mambises, combattants à cheval armés de machettes, mettaient tous leurs combats contre les colonialistes espagnols sous la protection de la Vierge. Ils demandèrent au pape Benoît XV la proclamation de la Virgen de la Caridad del Cobre comme Sainte patronne de Cuba. Elle le fut officiellement en 1916.
La Vierge de la Charité fait l’objet d’un culte et d’une dévotion sans précédent et rassemble dans la même ferveur des catholiques et non catholiques ainsi que des pratiquants de religions afro-cubaines. Chaque année, le 8 septembre, grand jour de célébration de la Vierge métisse de la Charité, des pèlerins viennent des quatre coins du monde pour déposer des offrandes et faire des vœux.
La basilique possède de nombreux ex-voto, béquilles, diplômes, médailles et autres offrandes déposées là pour remercier la Sainte Patronne de Cuba de ses bienfaits. Ernest Hemingway y a laissé son Prix Nobel obtenu pour son roman Le Vieil homme et la mer.
Les esclaves noirs de l’époque coloniale espagnole ont maintenu leurs cultes et déités sous les apparences des figures catholiques. La Vierge de la Charité est identifiée à Oshun, divinité nigérienne de l’Amour, de la Fertilité et des Rivières. La couleur d’Oshun est le jaune. C’est la raison pour laquelle les Cubains s’habillent souvent en jaune et font des offrandes de fleurs de tournesols.
Sur le côté de la Basilique, ce très beau palmier fait partie des 300 variétés de palmiers recensés à Cuba. Ph. Delahaye.
Nous continuons vers Bayamo fondée en 1513 par le conquérant espagnol Diego Velasquez. En 1525, les premiers esclaves noirs sont importés pour couper les forêts alors que les indiens travaillaient dans les mines d’or. 50% des forêts de bois précieux furent ainsi remplacées par des cultures de canne à sucre.
Le long de la route quelques panneaux sont là à la mémoire de Fidel Castro.
À l’entrée de Bayamo, Fidel Castro est présent. L’histoire de Cuba s’écrit et se peint beaucoup sur les murs car Bayamo est une ville rebelle et révolutionnaire depuis que Carlos Manuel de Céspedes lutta contre les espagnols pour l’indépendance.
Nous sommes dans la ville natale de Céspedes, le Père de la Patrie. C’est dans la riche maison que nous visitons qu’il libéra ses esclaves et les arma pour lutter contre les espagnols.
Sur le mur du jardin : « Cuba aspire à être une nation grande et civilisée pour tendre un bras amical et un cœur fraternel à tous les autres peuples » 1888. « Sans union on ne peut triompher » 1870. Ph. Delahaye.
Face à la maison, se trouve le Parc Céspedes, immense place dédiée à son héros. C’est sur cette Place que fut proclamée l’indépendance de Cuba en 1868. L’hymne national écrit la même année commence ainsi « Al combate corred, Bayamo ». (Au combat courez, gens de Bayamo).
Bas-relief pour rappeler qu’au cours de l’insurrection contre les espagnols, les habitants de Bayamo ont préféré mettre le feu à leur ville plutôt que de se rendre. Ph. Delahaye.
La Place Céspedes est entourée de magnifique bâtiments de style colonial.
La Maison du Troubadour nous offre une petite halte gustative et musicale avant de continuer les visites. À Cuba, je n’ai jamais vu un panneau de mise en garde contre l’alcool ! Je dirais presque, au contraire ! Les arrêts dans des endroits musicaux avec dégustation de cocktails sont quotidiens. Le cocktail national est le Mojito. Viennent ensuite le Daiquiri, le Cuba libre plus des spécialités locales. Apéro midi et soir tous les jours ! Cuba a besoin de vendre son rhum.
Après cette pause musicale, nous marchons dans la ville.
Bayamo est appelée la ville des calèches. Tous les déplacements se font en calèche, une façon de pallier au manque de voitures et d’essence.
Puis retour au car. Direction de la prochaine ville étape : Camaguey.
Arrêt à l'hôtel Sierra Maestra pour déjeuner. Sur le parking, de vieilles Lada.
Pour continuer le voyage, cliquer sur : Camaguey, la ville des églises.
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