Le Pont Charles
Comme j’ai déjà passé plusieurs jours à parcourir en tous sens Vieille et Nouvelle ville, il est temps de prendre le fameux Pont Charles qui enjambe la Vlatava pour explorer le quartier du château.
Le pont Charles vu de la rive gauche, côté château. Ph. Delahaye.
On emprunte le pont depuis la Vieille ville. En plein mois d’août, c’est loin d’être facile ! Les petites rues sont bondées de touristes. Il faut dire que j’ai choisi la plus mauvaise heure, en milieu de matinée.
La tour en début de pont, côté Vieille-ville. Ph. Delahaye.
Vu de la foule sur le pont. Ph. Delahaye..
En arrivant à l’entrée du pont sur la Place des Croisés, je décide de laisser passer le gros de la foule et entre dans l’Église Saint-Sauveur. Cette église de style baroque, construite entre 1578 et 1601, fait partie du Klementinum, ancien collège jésuite. Elle se trouve dans le prolongement du Pont Charles et marque l'entrée dans la Vieille Ville. Cette église est considérée comme le plus bel exemple d'architecture baroque à Prague. Elle abrite deux orgues majestueux et accueille de nombreux concerts classiques tout au long de l'année.
Église Saint-Sauveur. Ph. Delahaye.
Autel et chaire dans l'Église Saint-Sauveur. Ph. Delahaye.
L’entrée de ce havre de paix qu’est le klementinum se fait sur le côté, dans la rue où les touristes sont au coude à coude. Soudain, c’est le silence. Il n’y a pratiquement personne car tout le monde se précipite au château, via le pont, ignorant cet endroit paisible, comme hors du temps.
Plan du Klementinum. Ph. Delahaye.
Une des cours intérieures du Klementinum. Ph. Delahaye.
Le klementinum avec ses 20 000 m2 est le deuxième plus important bâtiment de Prague après le château. C’était tout d’abord une chapelle dédiée à Saint-Clément, édifiée au XIe siècle. En 1227, on y crée un couvent dominicain qui sera transformé en collège jésuite en 1556. C’est en 1664 que sont construits la plupart des bâtiments suivant un style baroque.
Au cours du XVIIIe siècle, seront ajouté la chapelle des glaces, l’observatoire astronomique et le musée des mathématiques qui ne sont plus en activité depuis 1930 mais se visitent. Seule la bibliothèque universitaire est toujours en fonction.
Dans le complexe du Klementinum se trouve la Cathédrale Saint-Clément dont la magnificence intérieure contraste avec la sobriété de l’extérieur. De nombreux concerts y sont donnés.
La tour de l'observatoire. Il est possible d'y monter pour la vue. Ph. Delahaye.
Finalement, je me dirige vers le pont. Le Pont Charles, long de 516 mètres, est entièrement piéton depuis 1974. Une tour se situe à chaque extrémité.
Le pont a été construit au XIVe siècle, pendant une cinquantaine d’années, sous le règne de Charles IV. La pose de la première pierre a eu lieu en 1357. C’était le seul pont qui enjambait la Vltava, jusqu’en 1741. Il permet de relier la Vieille Ville bourgeoise sur la rive droite de la Vlatava au quartier noble avec son château, sur la rive gauche.
Vue sur le château et la Cathédrale Saint-Guy depuis le pont. Ph. Delahaye.
À l’entrée du pont, de belles maisons avancent des terrasses de restaurant sur la Vlatava, dont une en sgraffites.
Dans la maison à sgraffites : le Musée Smetana dédié à la vie et l'œuvre du compositeur. Ph. Delahaye.
De ce même côté, un peu plus loin, le Théâtre national avec sa toiture étoilée.
Ph. Delahaye.
Côté gauche, le Rudolfinum, immense salle de concert, dont les toits verdâtres se distinguent de loin.
Ph. Delahaye.
En se retournant, on a vue sur la tour d’entrée à la ville, l’Église Saint-Sauveur et le Klementinum. Au premier plan, un bâtiment blanc est l’ancien hôpital de l’Ordre des Chevaliers à l’étoile rouge fondé par Sainte Agnès de Bohême en 1252. Ce lieu est à présent un musée dédié à l’histoire du pont.
Tout le long du pont, marchands de souvenirs, caricaturistes proposent leurs services. Ph. Delahaye.
Maintes fois menacé par les inondations, le pont Charles a toujours résisté aux flots grâce à ses 16 piliers. La légende veut que des milliers d’œufs furent rapportés des villages environnants pour constituer le liant du mortier de la maçonnerie. De peur qu’ils ne se cassent pendant le voyage certains habitants ont apporté des œufs durs.
Entre 1683 et 1714, chaque pilier est surmonté d'une statue ou d'un groupe sculptural qui évoque l'histoire religieuse de la ville ou du pays. Les trente statues sont alignées en vis-à-vis sur toute la longueur du pont. Certaines sont des copies reconnaissables à leur teinte claire, les originales étant conservées au musée national.
Saint-Bernard. Ph. Delahaye.
Sainte-Anne. Ph. Delahaye.
La statue la plus connue et aussi la plus ancienne (1683) est celle de Saint-Jean Népomucène installée par les jésuites. Sa tête est surmontée d’un halo doré et il porte un grand crucifix dans ses bras. Saint-Jean Népomucène était prêtre à Prague jusqu’à ce que le roi Venceslas IV décide en 1393 de le faire jeter par-dessus le pont. Confesseur de la reine, il refusait de répéter au roi jaloux ce que sa femme lui confiait.
Tout le monde aime aujourd’hui toucher les deux figures situées sur le piédestal de la statue du martyr, canonisé en 1729, celle du chien du roi Venceslas, signe de fidélité, et celle de la reine avec son confesseur. Cela apporte, paraît-il chance et bonheur.
Saint-Jean Néponucème. Ph. Delahaye.
Détails du piédestal. Ph. Delahaye.
À quelques mètres de la statue se trouve une croix marquant le lieu du supplice.
À l'extrémité du pont, deux tours ouvrent sur le quartier de Mala Strana. Il ne reste plus qu'à emprunter les ruelles pour monter vers le château.
Les tours à l'extrémité du pont. En arrière plan, l'Église Saint-Nicolas. Ph. Delahaye.