Le Mur John Lennon
En longeant l’île de Kampa, je rejoins le Pont Charles. Vu de la berge, il apparaît encore plus majestueux.
La rive droite de la Vlata vue de la rive gauche. Tout à gauche de l'image, la tour du Pont Charles. Ph. Delahaye.
Je me retrouve dans le quartier de Mala Strana déjà emprunté pour aller au château. Cette fois, je suis plus à gauche, dans un endroit que je n’avais pas exploré la dernière fois.
C’est le quartier des ambassades, ce qui veut dire que les demeures sont somptueuses. Mais ce qui m’intéresse surtout dans ce quartier c’est le Mur dédié au chanteur des Beatles, John Lennon.
Quand le 8 décembre 1980 John Lennon est assassiné à Manhattan, pour les étudiants tchèques, qui étouffent sous la chape de plomb communiste après la normalisation de 1968, c’est un symbole de paix et de liberté qui disparaît.
Pour lui rendre hommage, et bien qu’il ne soit jamais venu à Prague, un premier dessin apparaît peu après sa mort sur une petite fontaine puis sur un mur où l’on avait déjà l’habitude, depuis les années 70, de s’épancher en écrivant dessus. Les étudiants vont vite s’approprier le mur qui devient à son tour, à l'image de John Lennon, un symbole de paix et de liberté.
Le mur John Lennon va représenter pendant le communisme un espace de combat pour la liberté d’expression. Régulièrement, le pouvoir communiste fera effacer les inscriptions dissidentes en couvrant le tout de gris ou de vert. Peine perdue.
Le portrait de John Lennon, fervent opposant à la guerre du Vietnam et digne représentant du “peace and love”, est toujours présent sur le mur. En fait, ce sont des centaines de portraits qui s’y sont succédé depuis 1980.
Le mur de vingt mètres de long clot le jardin de l'ambassade des Chevaliers de l'Ordre de Malte, propriétaire du mur. Face à la recrudescence d'actes de vandalisme et d'incriptions obcènes ou politiques n'ayant rien à voir avec les idéaux de John Lennon, l'ambassade de Malte a porté plainte. Depuis 2019, le mur est devenu un véritable mémorial protégé par des caméras. Seuls quelques artistes professionnels sont autorisés à s'y exprimer. De petits espaces du mur sont toutefois accessibles au public qui peut s'exprimer à la craie, au crayon ou au marker. Le peinture au spray est désormais interdite.
Le mur fait partie du patrimoine tchèque mais évolue au fil du temps. Ce sont les mots d'amour et de paix qui sont les plus représentés.
De l’autre côté du mur, se trouve le jardin qui mène à la chapelle des Chevaliers de l’Ordre de Malte présents à Prague depuis le XIIe siècle.
La façade du Palais Maltais se trouve au n° 2 de la rue Lazenska. Il date du XVIIIe siècle et est le siège de l’ambassade de l’Ordre souverain de Malte depuis 1990.
Le mur John Lennon se trouve en face de l’ambassade de France sur la place du Grand-Prieur. L'ambassade de France occupe le Palais Buquov, chef d'œuvre de l'art baroque, bâti en 1719.
Avant de quitter la Place, je fais une petite halte au Pub John Lennon.
Je me retrouve ensuite dans la rue Karmelista. En me retournant, j'admire une fois de plus, dépassant les hauts immeubles, la coupole et le clocher de l'Église Saint-Nicolas.
C'est alors qu'en descendant la rue pour retourner vers le pont de la Légion, je découvre par hasard, l'Église Notre-Dame-de-la-Victoire appelée aussi l'Église de l'Enfant Jésus de Prague.
Cet édifice baroque de 1611 a tout d’abord été occupé par les luthériens de la communauté allemande jusqu'à la bataille dite de la Montagne Blanche qui opposa en 1620 catholiques et protestants. L’église est alors prise aux protestants, donnée à l’ordre catholique des carmes déchaussés et rebaptisée du nom de Notre-Dame-de-la-Victoire.
l'Église Notre-Dame-de-la-Victoire est un lieu de pèlerinage célèbre dans le monde entier pour la statuette de l’Enfant Jésus qu’elle abrite. Cette figurine de cire originaire d’Espagne fut offerte aux Carmes déchaussés en 1628. D’une hauteur de 47 centimètres, elle représente un Christ enfant dont la main droite fait un signe de bénédiction alors que la gauche tient un globe terrestre surmonté d’une croix.
Pendant la période communiste, le culte de l'Enfant-Jésus de Prague se fit en silence mais sa dévotion se poursuivit ailleurs en Europe et dans le monde. Depuis la chute du rideau de fer, la statuette reçoit à nouveau la visite de nombreux pèlerins et touristes du monde entier qui lui vouent un culte fervent pour ses guérisons réputées miraculeuses.
La statuette est coiffée d'une couronne et est revêtue de tenues brodées qui lui sont offertes par des fidèles en signe d’action de grâce. La célèbre « garde-robe » de l’Enfant Jésus est riche d’environ 300 vêtements précieux offerts par des pèlerins illustres ou anonymes du monde entier. Les plus beaux manteaux brodés, ainsi que de nombreux objets liés au culte de la statuette sont visibles dans le musée consacré à l’Enfant Jésus de Prague, situé dans l’église, derrière l’autel principal, au premier étage.
Quelques vêtements parmi les 300 existants. Les robes de l’enfant sont changées 10 fois par an, au fil des saisons selon une tradition immémoriale. Ph. Delahaye.
Lors de son voyage apostolique en République tchèque, le 26 septembre 2009, le Pape Benoît XVI visita l’église Sainte-Marie-de-la Victoire. Il s'est agenouillé devant la statue miraculeuse de l’Enfant-Jésus et a placé sur sa tête une couronne d’or.
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