La Place historique de la Vieille Ville de Prague
La Maison municipale avec la Tour poudrière qui lui est accolée, sujets de l’article précédent, se trouvent dans la Vieille Ville, (Staré Mesto). La promenade d’aujourd’hui m’entraîne plus avant, dans le centre historique à la découverte des petites rues adjacentes qui convergent vers le cœur de Prague avec sa fameuse Place.
Ph. Delahaye
Portail Renaissance de la Maison aux deux Ours d'Or de 1590. Ph. Delahaye.
Non loin de la Place. Ph. Delahaye.
La Place elle-même reflète fidèlement les espoirs et les ambitions de chaque époque. Les maisons romanes qui ont pu être conservées témoignent du fait qu’elle a acquis sa taille actuelle au XIIe siècle au plus tard.
Le côté sud de la place est bordé de magnifiques hôtels particuliers. Leurs façades richement décorées dans les styles Renaissance, baroque et classique rappellent l’essor de la ville aux XIIIe et XIVe siècles.
En arrivant sur la Place. Ph. Delahaye.
La Maison Storch, bâtiment de style néo-renaissance avec la peinture de Saint Venceslas. Connue sous le nom de la Maison à la Vierge de pierre, sculpture placée à droite de la porte. Ph. Delahaye.
Arrivés sur la Place, les touristes se dirigent tout d'abord vers le beffroi de l’ancien Hôtel de ville avec sa fabuleuse horloge astronomique.
Vue de côté du beffroi de l'ancien Hôtel de ville. Ph. Delahaye.
Le beffroi avec son horloge. À droite, l'Église Notre-Dame de Tyn. À gauche, les maisons constituant l'ancien Hôtel de ville. Ph. Delahaye.
L´hôtel de ville de la Vieille Ville fut fondé en 1338 pour être le siège du conseil municipal de la Vieille Ville. Il est constitué d´un ensemble de cinq maisons médiévales dont la plus proche de la tour abrite désormais l’Office du tourisme. Les visites commentées des salles historiques aux pièces richement décorées montrent les différentes périodes du bâtiment et donc de l’histoire de Prague.
L'Office du tourisme dans l'ancien Hôtel de ville. Ph. Delahaye.
Jouxtant l’hôtel de ville, on peut admirer La maison dite "À la Minute". Construite dans un style gothique tardif dans la première moitié du XVe siècle, elle est remarquable pour ses ornements en sgraffites de la Renaissance. Le sgraffite est un art visuel destiné à la décoration architecturale très utilisé pendant la Renaissance et la période Art Nouveau.
Franz Kafka a vécu avec ses parents dans cette maison de 1889 à 1896. Toutes ses sœurs y sont nées.
Maison "À la minute". Ph. Delahaye.
Mais c'est bientôt midi ! la foule de touristes se précipite devant l'horloge en attendant qu'elle s'anime. L'horloge astronomique située sur le mur sud du beffroi de l'ancien Hôtel de ville est la plus ancienne au monde encore en activité. Elle aurait été construite par Nicolas Kadau en 1410 et remaniée vers 1490 par le maître Jan Ruze à qui l'on aurait crevé les yeux pour l'empêcher de reproduire son chef d'œuvre ailleurs. Elle a été réparée au XIVe siècle puis en 1948 après que les allemands l'aient brûlée dans leur fuite en 1945. Elle a été à nouveau restaurée en 1994, 2006 et 2018.
L'horloge astronomique s'anime toutes les heures jusqu'à 23h. Ph. Delahaye.
Dès que l'heure sonne, un squelette tire la corde d'une clochette tout en retournant un sablier. Les sculptures en bois des douze apôtres défilent alors dans les petites fenêtres situées au-dessus du cadran astronomique. Quand les fenêtres se referment le coq bat des ailes en lançant son cocorico pour annoncer la mort prochaine.
Ph. Delahaye.
Le cadran astronomique représente la terre et le ciel. Sur ce fond fixe se déplacent quatre mobiles : un cercle zodiacal, un cercle oscillant externe et un modèle réduit de soleil et de lune. Ce mécanisme complexe va donner l'heure locale, désignée par la main dorée sur les chiffres romains; l'heure en douzièmes de jour, désignée par la position du Soleil sur les courbes dorées; l'heure en anciennes heures tchèques, désignée par la main dorée sur les chiffres gothiques; la position du Soleil et de la Lune dans le ciel; la phase lunaire; le signe astrologique zodiacal dans lequel on est, ainsi que le décan et le temps sidéral, indiqué par la petite étoile dorée.
Le cadran astronomique. Ph. Delahaye.
Quatre automates placés de chaque côté du cadran s'animent. À gauche, l'homme vaniteux qui se contemple dans son miroir et l'avare qui montre sa bourse. À droite, le squelette qui tire sur la corde et le Turc qui secoue la tête pour montrer qu'il guette.
L'homme vaniteux et l'avare. Ph. Delahaye.
La mort avec son sablier et le Turc. Ph. Delahaye.
Sous le cadran astronomique, un calendrier avec un cercle qui montre les signes du zodiaque tandis qu'un deuxième cercle représente les mois de l'année symbolisés par des scènes de la vie paysanne en Bohême. Au centre les armoiries de la Vieille Ville. Ce calendrier est entouré de quatre statues : un philosophe, un ange, un astronome et un orateur.
Le calendrier de Josef Manes. Ph. Delahaye.
Après ce spectacle, il ne me reste plus qu'à monter dans le beffroi. J'appréhende un peu la difficulté mais à ma grande surprise je vois que les marches abruptes des années 1970 on fait place à un petit ascenseur hélicoïdal doublé par une large allée à la pente régulière et douce. Ça se monte tout seul !
L'ascenseur dans le beffroi. Ph. Delahaye.
Du haut du beffroi, la vue sur la place et les alentours est magnifique.
La rue face à l'horloge vue du haut du beffroi. Ph. Delahaye.
Vue d'une partie de la Place avec l'Église de Tyn. Ph. Delahaye.
Au loin, la cathédrale Saint-Guy dans l'enceinte du château. Ph. Delahaye.
Une fois redescendue du beffroi, je me dirige vers le centre de la Place où beaucoup de merveilles m'attendent encore. Et tout d'abord l'Église Notre-Dame de Tyn.
La Place et le beffroi vus depuis l'Église de Tyn. Ph. Delahaye.
L’Église Notre-Dame de Tyn, de style gothique, est souvent désignée comme la cathédrale de la Vieille Ville. Elle a été édifiée dans la seconde moitié du XIVe siècle à l’emplacement d’une ancienne petite église qui se tenait loin de la place au milieu de maisons environnantes. La façade de la nouvelle église, beaucoup plus grande se retrouva juste derrière elles. Ces maisons forment aujourd’hui une sorte de décor derrière lequel émergent les clochers de 80 mètres de Notre-Dame.
Notre-Dame de Tyn. Au Moyen-Âge, Tyn désignait un lieu fortifié. Ph. Delahaye.
Le portail principal de l’église donne sur l’étroite rue Týnská. On y accède par un petit passage situé sous les maisons. La sortie se fait de même par un couloir qui débouche sur la place au milieu de la pizzeria. C'est assez étrange.
Entrée et sortie de l'église. Ph. Delahaye.
Au XVe siècle, l’église devient le principal lieu de culte du mouvement hussite. Elle le restera jusqu’en 1621, date à laquelle, elle redeviendra catholique. En 2017, un calice d’or, symbole du hussitisme y a été de nouveau déposé en signe de réconciliation œcuménique.
L'Église hussite tchécoslovaque est une Église chrétienne née en 1918. Elle représente aujourd'hui la troisième Église de la République tchèque après l’Église catholique et différentes variantes du Protestantisme.
Intérieur baroque de Notre-Dame de Tyn. Ph. Delahaye.
L’Église Hussite tchèque se réclame de l'héritage du réformateur Jan Huss bien qu’il n’y ait pas de lien de filiation direct. Un conflit religieux eut lieu au début du XXe siècle, lorsque fut édifiée sur la Place la statue de Jan Huss, martyr brûlé par les catholiques.
La statue de Jan Huss inaugurée en 1915 pour le 500e anniversaire de sa mort. Ph. Delahaye.
À la sortie de l’église, on se trouve à côté de la Maison à la Cloche de pierre. Elle doit son nom à une cloche de pierre placée comme symbole dans un de ses angles. Ce bâtiment est l’un des plus beaux monuments gothiques de Prague. Pendant de nombreuses années, ce joyau architectural est resté dissimulé sous une façade baroque qui a finalement été retirée. La Maison à la Cloche de pierre est depuis 1988 une salle d’exposition. Elle abrite également une librairie ainsi qu’un café dans la partie arrière.
Maison à la Cloche de pierre. Ph. Delahaye.
À côté de la Maison à la cloche de pierre, le Palais Kinsky.
Le père de Franz Kafka a tenu une mercerie au rez-de-chaussée de ce très beau palais baroque. Franz Kafka a donc été à l'école primaire du palais de 1893 à 1901.
C'est de son balcon que Klement Gottwald annonça en 1948, à une foule de partisans enthousiastes, le succès du Coup de Prague qui allait aboutir à 40 ans de totalitarisme.
Le Palais Kinsky abrite aujourd’hui des collections de la Galerie nationale de Prague.
Le Palais Kinsky. Ph. Delahaye.
Je suis à présent à l'extrémité de la place, côté nord. La place autrefois fermée s'ouvre maintenant sur un quartier aux magnifiques immeubles baroques suite à la démolition de l'ancien ghetto juif à la fin du XIXe siècle.
La Place vue depuis la rue de Paris. Ph. Delahaye.
À cette extrémité de la Place, une dernière visite à ne pas manquer : l'Église Saint-Nicolas. Construite entre 1732 et 1737, elle est d'abord vouée au culte catholique. Au XIXe siècle, elle est rattachée au culte orthodoxe pour finalement entrer dans l'Église hussite tchécoslovaque après la première guerre mondiale. Dotée d'une très bonne acoustique, elle est le lieu de nombreux concerts, notamment d'orgue.
L'Église hussite tchécoslovaque Saint-Nicolas. Ph. Delahaye.
Lustre offert par le tsar Nicolas II alors que l'église était orthodoxe. Ph. Delahaye.
Après la visite des principaux lieux de la Place, il ne reste plus qu'à y flâner pour profiter de cette ambiance cosmopolite et bon enfant animée par des musiciens de toute origine.
A suivre : Josefov, l'ancien quartier juif
http://absinthemuseum.auvers.over-blog.com/2019/12/josefov-l-ancien-quartier-juif-de-prague.html
Pour visiter Prague depuis le début, cliquer sur : Une semaine à Prague
http://absinthemuseum.auvers.over-blog.com/2019/08/une-semaine-a-prague.html