Josefov, l’ancien quartier juif de Prague
La destruction de Josefov, l’ancien ghetto juif à l’extrémité nord de la Place, à la fin du XIXe siècle, a laissé place à un quartier chic aux superbes immeubles.
La rue de Paris qui commence où finit la Place étale ses boutiques de luxe aux marques françaises. Des voitures luxueuses attendent les touristes les plus aisés pour leur faire visiter la ville. Je suis à cent lieux de ma visite de 1970 où tout était gris et triste ! Quel changement !
Toutes les rues sont bordées de grands immeubles bourgeois typiques du XIXe siècle. En voici quelques-uns.
Malgré sa destruction, le quartier de Josefov conserve encore aujourd'hui de nombreux témoignages de la communauté juive de Bohême. Plusieurs synagogues, l'hôtel de ville, le cimetière et un musée retracent des moments de l’histoire de cette communauté.
La visite commence généralement par la Synagogue Vieille-nouvelle qui date de 1270. C'est la plus vieille synagogue d'Europe encore en activité. La plus ancienne d'Europe étant celle d’Erfurt en Allemagne car sa construction remonte à 1094. Elle n'est cependant plus en activité et est actuellement un musée.
La Synagogue Vieille-nouvelle. D’architecture gothique, elle possède un toit crénelé entièrement en briques. Ph. Delahaye.
Au fur et à mesure que la communauté juive va prendre de l’extension, d’autres synagogues vont être construites.
La synagogue Pinkas a été bâtie en 1535 par Aaron Horowitz entre sa maison et l’ancien cimetière juif.
Après la Seconde guerre mondiale, la synagogue a été transformée en Mémorial des Juifs de Bohême-Moravie assassinés par les nazis. Le régime communiste entrava délibérément les travaux de rénovation nécessaires suite à des infiltrations d’eau. Les inscriptions des noms des victimes furent effacées. Ce n’est qu’en 1990, que les travaux de réfection du bâtiment ont pu être terminés. En1992-1994, les 77 297 noms des victimes juives furent enfin réécrits sur les murs avec leurs dates de naissance et de décès et le nom de la communauté à laquelle ils appartenaient.
Le premier étage est bouleversant avec une exposition permanente de dessins d'enfants déportés au camp de concentration de Térézin.
Les synagogues sont à courte distance les unes des autres. C’est l’occasion de découvrir d’autres rues et d’admirer d’autres immeubles.
La Synagogue Maisel, tout d’abord de style Renaissance, a été construite entre 1590-1592 par le Primat de la Cité juive qui finança une vaste rénovation du ghetto pendant la Renaissance. Gravement endommagée par un incendie en 1689, elle sera reconstruite en style baroque avant d’être restaurée entre 1893-1905 dans le style néo-gothique actuel.
La synagogue Maisel n'est plus en activité. Elle abrite une exposition permanente consacrée à l'histoire des Juifs de Bohême et de Moravie du Xe au XVIIIe siècle.
Direction à présent vers la Synagogue Klaus. C'est une synagogue baroque datant de 1694 et remaniée en 1884. Située à l’entrée de l’ancien cimetière juif, il s’agissait de la plus grande synagogue du ghetto et du siège des pompes funèbres de Prague.
En tant qu’élément du Musée juif, la Synagogue Klaus abrite une exposition permanente consacrée aux traditions et coutumes juives.
L’idée d’un Musée juif de Prague est née en 1906. Il avait pour but de conserver l'histoire, les coutumes et les traditions de la communauté juive de Bohême, de Moravie et de Prague au moment de la destruction du ghetto de Josefov en vue d'une refonte urbaine radicale
Paradoxalement, ses collections se sont enrichies grâce au Troisième Reich pendant la Seconde guerre mondiale. Les Nazis pensaient faire de Josefov un musée exotique d'une race disparue et y entreposèrent les objets issus des pillages de synagogues et lieux communautaires juifs d'Europe centrale. Après les années communistes, le Musée juif est rendu à la communauté juive, en 1996.
Le musée administre cinq synagogues : Vieille-nouvelle, Maisel, Pinkas, Klaus, la synagogue espagnole et le cimetière juif. Les archives de la communauté se trouvent dans la Synagogue de Smichov située à l’extérieur de Josefov. (Source wikipedia)
L’édifice néo-romain attenant à la synagogue a été construit en 1911-1912. Il abrite l’ancienne salle de cérémonie et la morgue de l’ancien cimetière juif.
Une série de petits tableaux montre les activités des pompes funèbres de cette époque. Ph. Delahaye.
Depuis la fenêtre du bâtiment, on a vue sur l’ancien cimetière juif. Il s’agit du plus vieux cimetière juif d'Europe et l’un des plus grands de ce type. La tombe la plus ancienne porte la date de 1439 et la plus récente celle de 1787 mais il pourrait être encore plus ancien.
Dans la religion juive on ne peut supprimer une tombe existante. Quand la place manquait, on remettait de la terre sur les anciennes sépultures pour pouvoir en placer de nouvelles. Les pierres tombales étaient relevées sur la nouvelle surface ce qui explique la grande densité de pierres tombales que l'on peut voir aujourd'hui. C’est ainsi que l’on estime à plus de 12 000 stèles funéraires sur 12 couches de sépultures qui se superposent au fil des siècles.
Dans la religion juive on ne fleurit pas les tombes, on y dépose un caillou. Par cette tradition, on marque son passage.
Après cette visite particulière, je me dirige dans une autre rue du quartier pour voir la Synagogue espagnole. Elle fut construite en 1868 à la place d’une synagogue qui datait du XIIe siècle. C’est la plus récente de cet ancien quartier juif.
Malheureusement fermée depuis le 1er juin 2019 pour restaurations, je n’ai pu la visiter. D’après wikipedia, la décoration intérieure met en évidence une base arabesque en stuc inspirée de modèles hispano-mauresques, que l’on retrouve également sur les murs, portes et balustrades de la galerie.
Sa réouverture est prévue pour le dernier trimestre 2020.
Je ne peux quitter l’ancien quartier juif sans faire un détour dans le quartier de la Ville nouvelle (Nové Mesto) pour admirer la Synagogue du Jubilé dite aussi Synagogue de Jérusalem, du nom de la rue dans laquelle elle a été bâtie. Chemin faisant, c’est l’occasion d’admirer une fois de plus, l’architecture environnante.
Construite à partir de 1905, c'est la synagogue la plus récente de Prague. Située près de la gare centrale, c'est la seule synagogue à ne pas être sur le territoire de l'ancien ghetto. Son premier nom de Synagogue du Jubilé est dû à la célébration du jubilé d'or de l'empereur François-Joseph 1er d'Autriche.
À l'étage, dans la galerie des femmes, une exposition permanente montre l’histoire de la communauté juive de Prague depuis la Seconde guerre mondiale. Ph. Delahaye.
À suivre : Le Pont Charles
http://absinthemuseum.auvers.over-blog.com/2019/12/le-pont-charles.html
Pour visiter Prague depuis le début :
http://absinthemuseum.auvers.over-blog.com/2019/08/une-semaine-a-prague.html