Mucha, maître de l’Art nouveau
Une très belle rétrospective sur Alfons Mucha (1860-1939) a lieu au Musée du Luxembourg, rue Vaugirard, à Paris. Elle est visible jusqu’au 27 janvier.
Alfons Mucha est né en 1860 au sud de la Moravie, sous administration autrichienne. Il arrive à Paris en 1880 pour étudier à l’Académie Julian comme bon nombre d’étudiants en art venus d’Europe centrale.
Grâce à sa formation académique et aux nouvelles techniques d’impression, il commence à se faire une réputation d’illustrateur dès 1890. Il travaille ensuite comme affichiste pour des imprimeurs qui vont contribuer à le rendre célèbre. En 1900, il est un des maîtres de l’affiche.
Le style Mucha est reconnaissable entre tous, avec ses femmes aux lignes courbes portant des robes brodées et des couronnes de fleurs inspirées de l’artisanat populaire slave. Les halos qui les entourent très souvent, rappellent les icônes byzantines, l’art byzantin étant, selon Mucha, au fondement de la civilisation slave.
Ses affiches circulent dans toute l’Europe et le « style Mucha » devient synonyme de l’Art nouveau qui fait son apparition et devient un mouvement international.
Mucha a fait de magnifique affiches vantant différentes marques.
Il n’existe aucune affiche publicitaire de Mucha sur l’absinthe. L’affiche Robette de 1896, que beaucoup lui attribuent spontanément n’est pas de lui mais de son contemporain Privat-Livemont, lithographe belge que l’on a accusé de plagiat. Probablement à tort, sa première affiche datant de 1890, quatre ans avant Gismonda, la première planche de Mucha réalisée pour la comédienne Sarah Bernhardt. Tous les deux, portés par le mouvement de l’Art nouveau, présentent évidemment de nombreuses similitudes notamment dans les allégories et la flore qui entourent leurs femmes dont les longs cheveux s’ornent de bijoux.
Mucha a cependant réalisé un pastel inattendu en 1897, L’Absinthe, très éloigné de la représentation onirique que l’on se fait de la Fée verte.
En 1910, Mucha retrouve sa terre natale et met son art au service de son pays.
En 1911, il réalise la décoration du salon du maire de la maison municipale de Prague et travaille sur le projet de l’Épopée slave. Dans cet appel à l’unité des peuples slaves, dix scènes seront tirées de l’histoire tchèque et dix autres du passé des autres nations slaves.
Exécutées entre 1911 et 1926, ces toiles ont un format monumental. En 1928, il offre la série complète de l’Épopée slave à la ville de Prague à l’occasion du dixième anniversaire de l’indépendance du pays.
Malheureusement, en mars 1939, les allemands envahissent Prague. Mucha, personnalité en vue et franc-maçon est arrêté par la gestapo. Il décèdera en juillet 1939, dix jours avant son 79e anniversaire.
L'exposition très complète dévoile toutes les facettes de Mucha. Du ravissement des affiches aux aspects plus sombres de l'Épopée slave, jusqu'à son mysticisme qui le fera entrer en 1898 au Grand Orient de France, l'obédience maçonnique la plus ancienne et la plus importante d'Europe.