Moïse au Mont Nébo
Vendredi 16 novembre 2018 - Nous quittons Amman sous la pluie pour monter au Mont Nébo point culminant de la chaîne des Moabites à 817 mètres. C'est du Mont Nébo que Moïse put voir la Terre promise vers laquelle il conduisait les Hébreux sortis d'Égypte avant d'être terrassé par la mort à 120 ans. Si la tradition chrétienne fixe la tombe de Moïse sur ce mont, les musulmans l'honorent de l'autre côté du Jourdain, près de Jéricho, dans le sanctuaire de Nabi Musa.
Moïse est le personnage le plus important de la Bible hébraïque, recevant la Loi pour le Judaïsme, prophétisant la venue de Jésus-Christ pour le Christianisme et précédant le prophète Mahomet pour l'Islam.
Les historiens recherchent depuis longtemps des traces historiques de l'existence de Moïse car il n'en existe aucune en dehors de la tradition, ce qui en fait une figure mémorielle et non historique, le Moïse de la foi étant plus connu que le Moïse de l'histoire. Il existe cependant un ensemble littéraire, connu depuis le IIe siècle avant J.-C. constitué de cinq livres attribués à Moïse, ainsi qu'en attestent les fragments retrouvés sur un des rouleaux de la mer Morte.
Nous quittons le parking des cars pour monter vers le mémorial de Moïse. Sur le chemin, plusieurs petites haltes s'imposent comme devant cette sculpture rappelant que le 9 mars 2000, le pape Jean-Paul II a visité le mont Nébo, au cours de son pèlerinage en Terre sainte. Le 9 mai 2009, c'est au tour du pape Benoît XVI de visiter le site.
Monument du jubilé érigé en 2000, à l'entrée du site, à l'occasion de la visite du pape Jean-Paul II. Ph. Delahaye.
Le site qui se visite au Mont Nébo est le ras Siyagha, qui se traduit de l'araméen d'origine par "colline du monastère". Il est à la fois géré par les autorités jordaniennes et les Franciscains. Ils participent ensemble à la patrimonialisation de ce sanctuaire devenu international, aménageant le lieu pour recevoir des milliers de visiteurs, pèlerins et touristes confondus.
La présence des Franciscains en Terre sainte remonte aux origines même de leur Ordre fondé par saint François d'Assise en 1210. La Custodie franciscaine de Terre sainte est présente au Moyen-Orient depuis huit siècles et de ce fait, les franciscains sont les gardiens officiels des Lieux Saints. On appelle custodie un territoire d'activité où sont regroupés couvents et institutions de l'Ordre.
En 1933, la Custodie franciscaine de Terre sainte a acheté aux Bédouins qui l’occupaient, le sommet de la colline de Siyagha. Les fouilles entreprises se sont étendues à d’autres sites chrétiens proches et ont permis de mettre en évidence l’existence d’une école de mosaïques aux VIe et VIIe siècles dans la région de l’ancien diocèse voisin de Madaba.
Pierre utilisée comme porte d'un monastère byzantin dans le vieux village de Faisaliyah. Ph. Delahaye.
Arrivés presque au sommet, nous apercevons l'arrière du mémorial.
Puis nous voici au sommet. Sur la petite place devant le mémorial, face au panorama, se détache la sculpture de l'italien Giovanni Fantoni, le Serpent d'airain. Double symbole du bâton de Moïse destiné à sauver son peuple des poisons que Dieu lui-même a envoyé comme punition et de Jésus crucifié pour sauver le monde.
Quand le temps est dégagé, la vue panoramique permet de voir la vallée du Jourdain, la ville de Jéricho et jusqu'aux portes de Jérusalem. Malheureusement, le temps était couvert ce jour-là.
Le mémorial de Moïse est l'un des sanctuaires les plus vénérés de Jordanie. Il résulte des vestiges de la basilique édifiée par les moines au VIe siècle et qui intégrait déjà des édifices plus anciens probablement construits dans la seconde moitié du IVe siècle par les chrétiens de la région de Madaba. En 530, une chapelle lui fut adjointe avec un sol de mosaïques, un des chefs d'œuvres des mosaïcistes de Madaba.
De l'autre côté de l'église, les restes du monastère.
Le Centre d'interprétation créé par les Franciscains à proximité de l'église mémoriale expose dans une petite salle plusieurs mosaïques et divers objets archéologiques dont des poteries trouvées dans les fouilles réalisées sur le site.
Avant de repartir, j'admire une dernière fois ce paysage très chargé symboliquement, un des lieux de la naissance des trois grandes religions.
Nous reprenons le car et nous dirigeons vers la Mer Morte.
La mer Morte est le point le plus bas de la surface du globe avec une altitude de −429 mètres sous le niveau de la mer.
La mer Morte est un lac salé d’une surface approximative de 810 km2 partagé entre Israël, la Palestine et la Jordanie et alimenté par le Jourdain. Elle perdu le tiers de sa superficie, ces cinquante dernières années et son niveau baisse de 70 cm par an depuis que le Jourdain qui l'alimente est largement détourné pour l'irrigation.
Alors que la salinité moyenne de l'eau de mer oscille entre 2 et 4 grammes par litre, celle de la mer Morte est autour de 275 grammes par litre. Aucun poisson ni aucune algue macroscopique ne peuvent subsister dans de telles conditions, d'où son nom de mer Morte.
L'impression est très bizarre. L'eau est tellement chargée en sel qu'elle semble un peu huileuse. Impossible de nager, on fait du surplace. Après la trempette, j'ai goûté ma peau du bout de la langue. Une acidité intense.
Après le repas pris devant ce paysage si symbolique, retour en soirée sur Amman.
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