L'Absinthe ou À chacun son histoire

Publié le par Marie-Claude DELAHAYE

Au cours de la soirée chez Denise Prisi à Fleurier, le jeune journaliste Matthieu Henguely a souhaité connaître le point de vue de quatre personnes d'horizons différents. Voici son reportage.

Alors que se déroulent les Absinthiades ce week-end à Pontarlier, des amateurs de fée verte venant du monde entier se sont donné rendez-vous au Vallon. Ils viennent des Etats-Unis, du Japon, d’Allemagne ou encore de France et se retrouvent pour déguster quelques bleues, mais aussi pour parler objets et histoire de l’absinthe.
Ce groupe où tout le monde se connaît s’est formé au gré des rendez-vous autour du breuvage. La défunte Fête de l’absinthe de Boveresse ou le rendez-vous pontissalien les ont fait se rencontrer. Entourés d’acteurs locaux du monde de l’absinthe – Nicolas Giger, Patrick Grand, Diane Tripet, Odile Churchward, Denise Prisi ... –, ces artémisophiles ne rateraient leur «festival off» pour rien au monde. Rencontres avec des mordus de la bleue, à l’intérieur du jardin de Denise Prisi, à Fleurier.

Arc Info Val-de-Travers, 5/10/2018.

Matthieu Henguely. Ph. Delahaye.

Matthieu Henguely. Ph. Delahaye.

Les quatre interviewés. Ph. Lucas Vuitel.

Les quatre interviewés. Ph. Lucas Vuitel.

MARIE-CLAUDE DELAHAYE La mémoire française de l’absinthe. Ph Vuitel.

MARIE-CLAUDE DELAHAYE La mémoire française de l’absinthe. Ph Vuitel.

Marie-Claude Delahaye a publié plusieurs livres sur l’absinthe, et ouvert un musée à Auvers-sur-Oise, là où Van Gogh a vécu.
«J’ai trouvé une cuillère trouée aux puces. On m’a dit que c’était pour l’absinthe, que c’était interdit et que ça rendait fou. Il y avait des mots qui ont éveillé ma curiosité.»
Et cette curiosité n’a jamais quitté Marie-Claude Delahaye. Même après l’écriture de plusieurs livres sur l’absinthe et la création d’un musée, à Auvers-sur-Oise, près de Paris. Reconnue aujourd’hui comme l’une des sommités de l’absinthe, cette professeure de biologie cellulaire a commencé ses investigations au début des années 1980, puis a ouvert son musée il y a 25 ans. Un musée alimenté par ses propres collections d’objets, mais aussi d’œuvres d’artistes impressionnistes de la Belle Epoque.
«Quand j’ai fait mes recherches, je me serais coupé les deux mains sur le fait que l’absinthe resterait interdite», dit Marie-Claude Delahaye. Pour elle, le renouveau moderne est d’autant plus intéressant que l’absinthe «a gardé son âme au 21e siècle. C’est quelque chose d’intemporel.» Pour la chercheuse, les rencontres autour de l’absinthe comme celle de ce week-end, sont une «forme d’aboutissement» pour son travail, «une belle satisfaction».

Arc Info Val-de-Travers. 5/10/2018.

SCOTT B. MACDONALD Le luthier du Vermont. Ph. Vuitel

SCOTT B. MACDONALD Le luthier du Vermont. Ph. Vuitel

Scott B. MacDonald s’intéressait d’abord à la Belle Epoque, il est aujourd’hui ambassadeur du Pays de l’absinthe.
«Je suis allé vivre dans le Vermont parce que ça ressemble à la Suisse et à la France. J’ai trouvé le Val-de-Travers des Etats-Unis!» L’absinthe a changé la vie de Scott B. MacDonald. Fabricant de guitares, ce New-Yorkais d’origine a découvert le breuvage en s’intéressant à la Belle Epoque. «Une partie de mon cœur est français. J’aimais l’art et la mode de la Belle Epoque et l’absinthe y avait une place importante.» Curieux, il débarque au Val-de-Travers en 2011 et y rencontre ce qu’il nomme «sa deuxième famille. Pour moi, le plus important, c’est cette fraternité. L’absinthe met les gens ensemble et arrête le temps.»
De retour aux Etats-Unis, Scott MacDonald déprime et déménage dans le Vermont pour y retrouver un paysage comparable à ceux qu’il a découverts en Europe. «J’y fais pousser mes propres plantes d’absinthe. J’espère pouvoir en faire un jour aux Etats-Unis.» Cette année, Scott MacDonald en est à son septième voyage au pays de l’absinthe. L’association du même nom en a d’ailleurs fait l’un de ses ambassadeurs.

Arc Info Val-de-Travers. 5/10/2018.

MARTIAL PHILIPPI Le commerçant Berlinois. Ph. Vuitel.

MARTIAL PHILIPPI Le commerçant Berlinois. Ph. Vuitel.

Martial Philippi fait découvrir l’absinthe aux Berlinois depuis bientôt 10 ans.
C’est la musique qui a mené Martial Philippi à la bleue. Une strophe d’une chanson de Gainsbourg, où le chanteur parle d’une iris absinthe. «Je ne savais pas ce que c’était, mais ce nom a résonné en moi.» C’est bien des années plus tard qu’il apprend ce qu’est l’absinthe, en découvrant internet. «C’était ma première recherche sur Google.» Une cuillère a continué d’attiser son intérêt, jusqu’au premier verre. «Le jour où j’ai rencontré le produit, je suis tombé amoureux.» C’est alors une absinthe espagnole (où le produit n’a pas été interdit) bue à Berlin, où Martial Philippi a travaillé pour le Gouvernement français.
Dans la capitale allemande, il découvre un magasin du nom d’Absinthdepot, pour lequel il va finir par travailler, au côté du propriétaire Hermann Plöckl. Il y mène des dégustations durant lesquelles il parle de l’histoire du produit ou des distillateurs. «Ma vie tourne autour de ma passion», dit le Français. Pour ce connaisseur, les bleues vallonnières se reconnaissent: «au nez, les absinthes ont l’odeur du Val-de-Travers, une odeur qu’on ne retrouve nulle part ailleurs.»

Arc Info Val-de-Travers.5/10/2018.

TAKASHI MIZUNO Le fan venu du Japon. Ph. L. Vuitel.

TAKASHI MIZUNO Le fan venu du Japon. Ph. L. Vuitel.

Takashi Mizuno a découvert l’absinthe dans un bar à Kyoto. Un coup de cœur.
Il note tout, Takashi Mizuno. Cet ingénieur en informatique d’Osaka ne lâche jamais son petit carnet, qu’il ressort à chaque discussion ou dégustation. «Ma première expérience avec l’absinthe, c’était d’en boire une dans un bar à Kyoto, il y a peut-être 16 ans.» Le coup de cœur est immédiat. «J’aime beaucoup l’absinthe et son goût.» Comme la fée verte est plutôt rare au Japon – il explique qu’un des rares producteurs de l’île a arrêté sa production –, Takashi Mizuno s’est alors renseigné sur internet, découvre l’histoire de l’absinthe et prend un billet d’avion pour l’Europe. «C’est la cinquième fois que je viens aux Absinthiades», dit-il. «La première fois, c’était par passion, aujourd’hui, j’importe un peu d’absinthe.»

Arc Info Val-de-Travers. 5/10/2018.

Publié dans Medias

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :