Les eaux de Cologne et la Fée Absinthe
La première eau de Cologne, c'est bien sûr le Rhin !
Avec sa vue imprenable sur la cathédrale, le pont Hohenzollern enjambe le Rhin à proximité de la gare centrale.
Le pont est célèbre pour la tradition qui voit depuis 2008 de nombreux couples attacher des cadenas gravés à leurs initiales à ses rambardes en symbole de leur amour indéfectible. La clé est ensuite jetée dans le fleuve en signe d'engagement éternel.
Construit entre 1907 et 1911, le pont fut baptisé du nom de la dynastie Hohenzollern, la famille royale qui régna sur l'Allemagne jusqu'à la révolution de 1918. Il fut une importante voie de transport au cours de la Seconde Guerre mondiale, durant laquelle il subit des dommages minimes même s'il fut la cible de frappes aériennes constantes. C'est finalement l'armée allemande qui le détruisit en 1945 pour tenter de bloquer l'assaut des troupes alliées sur Cologne.
Rapidement reconstruit après la guerre, il fut rouvert à la circulation en 1948. Alors qu'à l'origine il était ferroviaire et routier, sa reconstruction a privilégié les trains et les piétons. Il permet aujourd'hui à plus de 1 200 trains de traverser chaque jour le fleuve et est de ce fait, le pont ferroviaire le plus fréquenté d’Allemagne.
Il est accessible à pied depuis l'arrière de la cathédrale. Ouvert 24 heures sur 24, il constitue une destination touristique très prisée par beau temps car depuis son extrémité, à l'opposé de la cathédrale, la vue sur le Rhin, la cathédrale et la ville est superbe. Sa traversée est gratuite.
Située à cheval sur le Rhin, la ville se protège efficacement contre ses crues par des panneaux métalliques dressés en cas de danger, obstruant toutes les rues menacées.
Difficile à imaginer en cette période de canicule où le fleuve est au plus bas, laissant place à des abords sablonneux appréciés des habitants. La plage dans la ville !
L'été est la bonne période pour traverser le Rhin sur un petit bateau transbordeur. On se retrouve de l'autre côté dans un joli village aux cafés accueillants.
Non, ce n'est pas de l'absinthe mais une bière spéciale à l'aspérule, une plante aux nombreuses propriétés médicinales. Particularité de cette bière, elle se boit avec une paille ! Ph. Delahaye.
La deuxième eau de Cologne, c'est la véritable Eau de Cologne, celle qui sent bon !
Jean-Marie Farina, parfumeur italien, s'installa à Cologne au début du XVIIIe siècle. Il innove en produisant une "eau admirable" fraîche et légère dont les huiles essentielles principales sont celles de l´orange, du citron, du pamplemousse et de la bergamote ajoutées au cèdre et à certaines fleurs et herbes aromatiques venues d'Italie, à l'opposé des parfums capiteux de l'époque. Son eau conquiert peu à peu les cours d'Europe mais son grand succès en France sera en grande partie lié aux officiers de l’armée de Napoléon qui popularisèrent le parfum sous le nom d'Eau de Cologne, nom que Farina adopta.
Carte de visite, 1747. Archives Farina. À l'époque, les rues n'étant pas numérotées on devait préciser le lieu.
Seuls les étrangers de confession catholique et travaillant dans les métiers de luxe tels que l’or, l’argent, la soie et les parfums étaient les bienvenus à Cologne. Lors de l’occupation française (1794-1814) ces lois furent abolies, permettant ainsi à quiconque de s’installer dans la ville. C'était la porte ouverte aux plagiats du parfum de Farina.
C'est ainsi qu'en 1803 Wilhelm Muelhens essaie de s'imposer sur le marché. Pour cela, il achète à un certain Carlo Francesco Farina, n'ayant aucun lien de parenté avec Johann-Maria Farina, le droit d'utiliser son nom pour son entreprise. Et sans scrupules, Muelhens et bien d'autres vont vendre à leur compte leur eau de Cologne certifiée Farina ! A l'époque on dénombrait déjà plus de 2000 contrefaçons ! On connaît bien la question avec la marque Pernod !
La statue de Jean-Marie Farina est en bonne place sur l'ancien Rathaus, (Hôtel de ville), au deuxième étage à l'angle gauche. Ph. Farina.
Napoléon prisait énormément l'Eau de Cologne. Il parait qu'il en utilisait un litre par jour et qu'il en prenait même quelques gouttes sur un sucre. C'est lui qui fit numéroter les rues de Cologne, le n°1 étant apposé directement sur la cathédrale. La boutique de Wilhelm Muelhens reçut le n° 4711. Nombre qui deviendra la marque que ses descendants feront connaître dans le monde entier après avoir perdu un procès qui dura 80 ans et qui leur interdit d'utiliser le nom Farina.
Aujourd´hui, la huitième génération descendant de Jean-Marie Farina produit toujours l´Eau de Cologne Originale. Depuis 300 ans, la maison se trouve en face de l´hôtel de ville historique. Celle-ci abritait auparavant la fabrique de l’Eau de Cologne et est aujourd’hui un musée du parfum.
À suivre : Martin Luther et Jean-Sébastien Bach à Eisenach
Pour refaire le voyage depuis le début : La Fée Absinthe sur les pas de quelques hommes illustres.