Où posait-on les fontaines ?
La question revient souvent et est judicieuse. Où posait-on les fontaines à absinthe ? Restaient-elles sur le comptoir ? Auquel cas, qui ajoutait l'eau ? Le garçon ou le consommateur qui devait dans cette perspective préparer son absinthe avant d'aller s'asseoir ?
Un beau document de la Manufacture de poterie d'étain spécialisée dans les articles pour limonadiers répond à la question puisqu'elle parle de Fontaine de comptoir. On admirera au passage les différents articles que les collectionneurs connaissent bien : sucriers, porte cuillers, cuiller à absinthe, (ici appelée cuiller à anis), carafe à glace.
La Manufacture créée en 1829 par un certain J. Roussel est à l'origine de la marque JR apposée à l'intérieur des couvercles de nombreuses fontaines.
Extrait du catalogue de la Manufacture de poterie d'étain. Coll. Patrick Roussel, (sans rapport avec JR !)
La question semble donc être réglée.
Non ! car une carte postale démontre le contraire ! Sur cette superbe carte intitulée "L'Heure verte. Une partie de pêche à Pinsaguel", une fontaine Terminus bien reconnaissable avec son coq au sommet du couvercle, est posée sur le guéridon. Sur l'autre table, une simple carafe fait l'affaire.
Carte postale. Coll. Delahaye.
On peut donc en conclure que tout le monde ne buvant pas d'absinthe, les fontaines ne restaient pas en permanence sur les tables mais étaient posées sur le comptoir.
Lorsque le consommateur commandait une absinthe, le garçon lui apportait l'absinthe au fond du verre et tout le matériel nécessaire à sa préparation, dont la fontaine qui était alors posée sur la table.
Les fontaines publicitaires étaient données en cadeaux aux cafetiers qui souvent n'en possédaient qu'une. D'où la nécessité de la déplacer de table en table.