L’Absinthe la plus haute au monde

Publié le par Marie-Claude DELAHAYE

Lundi 27 novembre 2017 - On a repris la route tôt le matin en direction de Puno. Le paysage est rude là aussi. Sec avec quelques touffes de végétaux éparses au milieu des roches.

Comme on s’inquiète de voir une fumée épaisse s’élever dans le ciel, l’accompagnateur nous rassure : « C’est rien, c’est un volcan qui fume ! ».

Ph. Delahaye.

Ph. Delahaye.

C’est pas grand chose non plus, le chauffeur du car qui colle le camion de devant qui transporte du pétrole !

Ph. Delahaye.

Ph. Delahaye.

Nous traversons les pampas de Canahuas quand soudain, un panneau invite le chauffeur à ralentir. Nous arrivons dans une zone où vivent les vigognes.

Petit troupeau de vigognes. Ph. Delahaye.
Petit troupeau de vigognes. Ph. Delahaye.

Petit troupeau de vigognes. Ph. Delahaye.

La vigogne est le plus petit des camélidés. Elle vit en troupeau sur les hauts plateaux froids et déserts de la cordillère des Andes à une altitude comprise entre 3500 et 5800 mètres. Alors que le lama et l’alpaga sont domestiqués, la vigogne est restée sauvage.

Son pelage est constitué d'une fibre particulièrement fine, seule la soie est plus fine. Certaines des fibres de son poitrail peuvent mesurer jusqu'à 30 centimètres de long. Elles sont utilisées pour tisser une étoffe de très haute qualité procurant une excellente isolation au froid réservée à la fabrication des vêtements de luxe.

Ph. Delahaye.

Ph. Delahaye.

Alors qu'il y avait 1,5 million de vigognes à l'époque des Incas leur nombre a chuté d'une façon dramatique. L’espèce a été déclarée en péril et une loi votée en 1965 en interdit la chasse. Seule une chasse traditionnelle à la battue est autorisée chaque année. L'animal est relâché après la tonte.

En 1993, une loi octroyait aux communautés rurales le contrôle sur le soin des troupeaux et le négoce de la laine dans leurs zones. Le troupeau a pu ainsi se reconstituer et les vigognes seraient environ 200.000 aujourd'hui au Pérou.

La vigogne est herbivore. Elle se nourrit uniquement de plantes herbacées et de graminées. Ph. Delahaye.

La vigogne est herbivore. Elle se nourrit uniquement de plantes herbacées et de graminées. Ph. Delahaye.

Sur l’Altiplano

On n’avait pas remarqué que l’on montait en altitude car contrairement à nos montagnes où l’on monte en lacets à flanc de pente, la route ici est au milieu d’un immense plateau, toute droite. Aussi quand on nous dit que les vigognes que l’on a vues sont à 4100 mètres on est plutôt surpris d’être à cette altitude. Rien dans l’environnement immédiat ne laisse supposer que nous soyons déjà si haut.

Vues de l'Altiplano avec le volcan Misti de dos. Ph. Delahaye.
Vues de l'Altiplano avec le volcan Misti de dos. Ph. Delahaye.

Vues de l'Altiplano avec le volcan Misti de dos. Ph. Delahaye.

L’Altiplano est la plus haute région habitée au monde après le plateau du Tibet. Il s'étend sur près de 1500 kilomètres de long sur quatre pays, l’Argentine, la Bolivie, le Pérou et le Chili.

Entouré des crêtes montagneuses des volcans d’un côté et du désert d’Atacama de l’autre, il s’agit d’une étendue aride avec pour toute végétation quelques touffes d’herbes sèches. Très peu d’arbres peuvent y pousser.

Le sous-sol de l’Altiplano est riche en minéraux divers qui seront exploités dès 1545 par  les espagnols, notamment l’or et l’argent. Ils fondèrent la ville minière de Potosi qui sera la plus grande mine d'argent au monde. Elle est désormais surtout exploitée pour son étain.

Au milieu de ce paysage désertique une petite marchande. Ph. Delahaye
Au milieu de ce paysage désertique une petite marchande. Ph. Delahaye

Au milieu de ce paysage désertique une petite marchande. Ph. Delahaye

Un moment plus tard, c'est la steppe désertique. La route monte toujours mais on ne s'en aperçoit pas. Et puis, on voit le panneau : 4528 mètres au-dessus du niveau de la mer !

Arrêt rapide pour la photo. Michel nous fait ses recommandations  : «Allez doucement, ne courez pas. Vous faites la photo et vous remontez dans le car !». Tout le monde s’exécute et on repart.

La Fée Parisienne à 4 528 mètres. Ph. D. Guigen.
La Fée Parisienne à 4 528 mètres. Ph. D. Guigen.

La Fée Parisienne à 4 528 mètres. Ph. D. Guigen.

Une fois franchi le col, on redescend tout doucement. À 4413 m. apparaît la lagune d’Umayo, qui abrite des colonies de flamants roses qui ont trouvé là un cadre idéal pour se reproduire.

Les rives du lac présentent une agriculture variée. La proximité des tropiques permet en effet aux paysans de cultiver la terre à plus de 4000 mètres d'altitude.

Lagune d'Umayo. Ph. Delahaye.
Lagune d'Umayo. Ph. Delahaye.
Lagune d'Umayo. Ph. Delahaye.

Lagune d'Umayo. Ph. Delahaye.

Colonies de flamants roses. Ph. Delahaye.
Colonies de flamants roses. Ph. Delahaye.

Colonies de flamants roses. Ph. Delahaye.

Traversée d’une petite ville. On ne s’arrête pas. Je fais quelques photos à la volée à travers la vitre du car.

Ph. Delahaye.
Ph. Delahaye.
Ph. Delahaye.
Ph. Delahaye.

Ph. Delahaye.

Et à nouveau la campagne avec de vieilles fermes disséminées sur la plaine

Ph. Delahaye.
Ph. Delahaye.

Ph. Delahaye.

Arrêt au site archéologique pré-Inca de Sillustani situé sur les rives de la lagune.

Il s'agit d'un site funéraire, constitué de tombes en forme de tours appelées chullpas. Elles ont été bâties par le peuple des Aymaras qui seront conquis par les Incas au XVe siècle.

Les morts momifiés en position fœtale étaient introduits par la petite ouverture située à la base, toujours dirigée vers l'est, au soleil levant, qui fait renaître l'âme des morts.

Le site de Sillustani. Ph. Delahaye.
Le site de Sillustani. Ph. Delahaye.

Le site de Sillustani. Ph. Delahaye.

Les chullpas présentent des caractères différents selon l'époque de leur construction. Certaines sont constituées de mœllons de grande taille assemblés avec de la chaux. D'autres sont construites en pierres de forme parallélépipédique parfaitement ajustées. Elles sont toutes de forme cylindrique, atteignant parfois une hauteur de 12 mètres.

 Chullpas en mœllons. Ph. J.-R. Bavant.
 Chullpas en mœllons. Ph. J.-R. Bavant.

Chullpas en mœllons. Ph. J.-R. Bavant.

Chullpa en pierres ajustées. Ph. Delahaye.

Chullpa en pierres ajustées. Ph. Delahaye.

On trouve des chullpas sur de nombreux sites dispersés dans l’Altiplano mais celles de Sillustani sont parmi les mieux conservées.

Vue de la lagune et du village depuis le site. Ph. Delahaye.
Vue de la lagune et du village depuis le site. Ph. Delahaye.

Vue de la lagune et du village depuis le site. Ph. Delahaye.

En redescendant, on flâne devant les étalages d’artisanat et on fait quelques achats dans un vent glacial avant de remonter dans le car.

Vente de lainages et de petits souvenirs. Ph. Delahaye.
Vente de lainages et de petits souvenirs. Ph. Delahaye.
Vente de lainages et de petits souvenirs. Ph. Delahaye.

Vente de lainages et de petits souvenirs. Ph. Delahaye.

Danièle choisit une nappe. Ph. Delahaye.

Danièle choisit une nappe. Ph. Delahaye.

En cours de route, arrêt pour la visite d’une maison. Elle est entièrement en pierres pour résister aux intempéries de l’Altiplano. Toutes les maisons ont sur leur toit un couple de taureaux en céramique qui sont censés protéger la maison et tous ses occupants par leur bravoure. Ils sont souvent associés à une croix, mélange insolite des deux cultures pour une double protection.

Ph. Delahaye.
Ph. Delahaye.
Ph. Delahaye.

Ph. Delahaye.

La propriétaire nous accueille avec un bon sourire. Elle nous montre ses animaux, lamas et alpagas.

L’alpaga est tout de suite reconnaissable car sa toison descend jusqu'au sol. Il est plus petit que le lama et est surtout utilisé pour sa laine qu'il produit en abondance avec une couleur uniforme.

L’alpaga est tondu à la main avec des couteaux ou des ciseaux tous les deux ans, indifféremment des saisons. Les fibres les plus recherchées sont celles appelées Baby Alpaca.  Il s'agit de la laine qui provient de la toute première tonte de l’animal qui doit avoir un minimum de 3 ans. C’est une laine d’une qualité supérieure, très douce, utilisée pour faire des vêtements fins tels que des pulls de haute qualité, des châles...

Alpaga. Ph. Delahaye.

Alpaga. Ph. Delahaye.

Le lama ne peut être distingué par sa couleur car il existe une cinquantaine de tonalités différentes. Son cou et sa tête ont une forme allongée.

C’est le plus commun et le plus résistant des camélidés andins. Il est souvent utilisé comme bête de somme.

Lamas. Ph. Delahaye.

Lamas. Ph. Delahaye.

Lama blanc. Ph. D. Guigen.

Lama blanc. Ph. D. Guigen.

À l'intérieur de la maison, nous voyons l'agencement sommaire avec la cuisine en plein air, les pièces sombres et sans aucun confort.

La cuisine. Ph. Delahaye.
La cuisine. Ph. Delahaye.

La cuisine. Ph. Delahaye.

Quinoa et élevage de cochons d'Inde. Ph. Delahaye.
Quinoa et élevage de cochons d'Inde. Ph. Delahaye.

Quinoa et élevage de cochons d'Inde. Ph. Delahaye.

Après cette visite qui nous permet de mieux saisir la vie sur ces hauts plateaux nous repartons en direction de Puno, sur les rives du lac Titicaca.

Peu avant d'arriver, nous voyons des hameaux de maisons disséminés. Ce sont les indiens qui se rapprochent des villes. Il construisent sur ces terrains qui n'appartiennent à personne et quand le hameau devient très important, sorte de bidonville, l'état péruvien installe l'eau et l'électricité ainsi que des petites cabanes bleues qui sont des toilettes.

Ph. Delahaye.

Ph. Delahaye.

Sur le bord de la route, trois femmes nous jettent un regard rapide puis continuent leur chemin. Je les suis du regard autant que je peux et pense à leur vie si rude.

C'est à cela aussi que servent les voyages. À relativiser ses petits problèmes quotidiens. 

Ph. Delahaye.
Ph. Delahaye.

Ph. Delahaye.

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