Au cœur de la culture Inca

Jeudi 30 novembre 2017- C'est notre premier jour à Cuzco. Avant de faire la visite de la ville, notre guide Joseph qui est archéologue, nous emmène dans les sites incas majeurs sur les hauteurs de la ville.

Visite des principaux sites incas. Ph. internet.

Nous commençons par le plus éloigné, Tambomachay. Chemin faisant nous traversons quelques hameaux aux maisons décorées de symboles incas. Certaines sont transformées en ateliers-boutiques d'artisanat.

Lama, soleil, croix andines présentes sur les façades. Ph. Delahaye.

L'extérieur de l'un de ces ateliers attire particulièrement mon attention. Les murs portent les principaux symboles incas : la croix andine, le condor, le puma et le serpent.

Ph. Delahaye.

Pour les incas, au moment de la mort l'âme se divisait en trois. Une partie était emportée dans le ciel par le Condor, une autre retournait à la terre avec le Serpent et la troisième restait dans le corps protégée par le Puma.

Les symboles forts de la culture inca.

L'entrée du site de Tambomachay se fait par une allée bordée d'arbres surprenants surnommés arbres papiers parce qu'ils absorbent l'eau de l'atmosphère et la rejettent à leurs pieds ce qui est à l'origine de nombreuses sources.

Le quena  est l'arbre qui pousse le plus haut au monde, entre 3700 et 5000 mètres tout le long de la cordillère des Andes du Pérou au Chili et en Bolivie. Il forme des forêts entières sur les zones arides et froides de l'Altiplano.

Le soleil est puissant à cette altitude. Joseph met sa capuche et nous conseille d'acheter des chapeaux. La petite marchande est dévalisée en un clin d'œil.

L'écorce de ces arbres est fine comme un papier de soie. Ph. Delahaye.

L'accès au site trop envahi par les visiteurs est désormais restreint. On l'observe uniquement à partir de l'allée, où une zone a été aménagée.

Tambomachay est l'endroit supposé où l'Inca Pachacutec, militaire autoproclamé empereur,  a été encouragé par une simple vision à continuer sa politique de conquêtes.

Site de Tambomachay à 3750 mètres. Ph. Delahaye.

L'autel en pierres avec ses fontaines montre une construction des plus ingénieuses qui a résisté aux tremblements de terre grâce aux pierres taillées de telle façon qu'elles s'emboitent parfaitement et font autoblocage.

Chez les incas, la mort n'existait pas, aussi conservait t-on les corps pour aller dans une autre vie. Les quatre niches contenaient les corps embaumés de nobles qui étaient ainsi exposés au public pour être vénérés.

Aujourd'hui, les descendants des incas, enlèvent la tête de leurs défunts 20 ans après la mort pour la ramener chez eux au cours d'une grande fête.

Le site avec ses fontaines et les niches où étaient exposé les momies. Ph. Delahaye.

Le site de Tambomachay est un lieu de culte au Dieu de l’eau. Un système de canalisations permet à l'eau de circuler et d'alimenter des fontaines  utilisées comme bains rituels. Il paraîtrait qu’une des fontaines du site serait la fameuse fontaine de jouvence

Détail des fontaines. Ph. Delahaye.

Sur le chemin du retour pour aller au site suivant, nous sommes sollicités par des tricoteuses pour la photo.

Ph. Delahaye.

Non loin de Tambomachay, se trouve le site de Puca Pucara dite la forteresse rouge car au soleil couchant, les pierres prennent un ton rougeâtre. Située sur une colline, elle avait pour rôle de garder l'entrée de la Vallée Sacrée.

Puca Pucara. Ph. Delahaye.

Nous reprenons le car pour le troisième site : Q'enqo.

En allant vers le site de Q'enqo. Ph. Delahaye.

Ph. Delahaye.

Q'enqo est un temple religieux dédié au culte et aux dieux. Il a été détruit par l'inquisition menée par les dominicains.

Avec sa construction semi-circulaire, le monument est souvent qualifié d'amphithéâtre. Son autel monolithique sous lequel fut inhumé l'Inca Pachacutec est haut de 6 mètres et est en forme de puma. Là, se déroulaient des sacrifices et autres rituels dont la momification des nobles incas.

L'empereur et les nobles décédés participaient aux décisions populaires. La pensée de leur âme était interprétée et transmise par les chamans par l'intermédiaire des feuilles de coca.

le site de Q'enqo. Ph. Delahaye.

Une ouverture dans le rocher nous amène par le passage de la purification à la petite grotte des sacrifices. Un trône imposant directement sculpté dans la roche sur lequel on accède par trois marches accueillait une momie. La table-autel attenante servait peut-être aux sacrifices ou à la momification.
On suppose que le trône était plaqué en or - la sueur du soleil - ou en  argent - les larmes de la lune.

Ph. Delahaye.

Nous descendons un peu plus bas sur le quatrième site, la Forteresse de Sacsayhuaman.

Le site de Sacsayhuaman est le plus connu de toute cette zone des alentours de Cuzco. C'est là que se déroule chaque année  le 21 juin, jour du solstice d'hiver, la grande Fête du Soleil. En cette période de l'année où les jours sont les plus courts,  les Incas font, comme leurs ancêtres, des incantations au dieu du soleil Inti pour son rapide retour. Comme quoi les coutumes et croyances ancestrales restent toujours vivaces..

Ph. Delahaye.

Cette immense forteresse, construite à l'origine dans un but défensif, fut érigée à l'initiative de l'Inca Pachacutec en 1400 après J.-C. Elle fut poursuivie sous le règne suivant et peut-être achevée sous celui d'après, celui de Huayna Capac. On estime que plus de 20 000 hommes travaillèrent pendant 50 ans à sa construction.

Elle est composée de trois remparts parallèles longs de 600 m, disposés en zigzag, lesquels sont constitués d'immenses blocs de pierres parfaitement assemblés et encastrés les uns dans les autres, sans aucun mortier.

Vue d'ensemble du site de Sacsayhuaman. Nous sommes à 3600 mètres.

Portion de mur avec ses pierres d'angle. Les murs ont une légère inclinaison pour une meilleure stabilité. Ph. Delahaye.

Les remparts ont des murs hauts de 10 mètres réhaussés de trois tours. Ph. Delahaye.

Des fondations de deux mètres ont été nécessaires pour maintenir cet ensemble de pierres polygonales soigneusement polies. Le plus grand bloc monolithique mesure 9 m de haut, 5 m de large et 4 m d'épaisseur avec un poids estimé à 350 tonnes.

La mini absinthe Fée Parisienne et le gros rocher. Ph. Delahaye et Guiguen.

C'est sous les murs de Sacsayhuaman que se joua l'un des derniers épisodes de la conquête du Pérou. En 1536, les incas se soulevèrent alors que les espagnols tenaient le centre de Cuzco. Assaillis de toutes parts par des milliers de soldats incas, ils réussirent de justesse à conserver leurs positions et tentèrent une contre-attaque sur Sacsayhuaman. Celle-ci se solda par un échec et Juan Pizarro, le plus jeune des quatre frères  fut mortellement blessé. Les trois murailles furent difficiles à vaincre puisque Pizarro ne prit la forteresse que trois ans après Cuzco.

Autres vues du site de Sacsayhuaman. Ph. Delahaye.

À côté du site de Sacsayhuaman, se dresse un immense Christ blanc face à la ville de Cuzco. Ici encore, la représentation des deux religions, inca et catholique montre à quel point elles restent imbriquées dans cette région. 

Le Christ rédempteur de Cuzco. Ph. Delahaye et Ph. internet.

Les visites terminées nous redescendons sur Cuzco. De ce point de vue en hauteur, nous pouvons évaluer l'ampleur de l'extension de la ville jusque sur les montagnes environnantes. Il s'agit de logements précaires sans confort, sorte de favelas, installés par des familles venues des hauts plateaux qui se rapprochent de la ville, pensant donner plus de chances à leur enfants.

Ph. Delahaye.

À suivre... Cuzco, capitale de l'Empire Inca