Arequipa, la ville blanche
Dimanche 30 novembre 2017 - Arequipa est la deuxième ville du pays en nombre d’habitants. Construite en 1540 par le conquistador Manuel García de Carbajal, elle est située à 2335 mètres d’altitude dans une région volcanique des Andes méridionales dominée par le volcan Misti. Elle a été édifiée avec la pierre blanche d’origine volcanique appelée sillar, ce qui lui vaut le surnom de ville blanche.
Les trouvailles archéologiques indiquent que la vallée fertile où se trouve Arequipa a été occupée entre 5000 et 6000 av. J.-C., par les Aymaras avant d’être conquise par les Incas au XVe siècle qui l’utilisèrent comme base de ravitaillement pour l’empire. La ville actuelle a été construite par les espagnols.
De superbes édifices en sillar portent les empreintes de l’influence espagnole, mauresque et locale.
Le centre historique d’Arequipa, inscrit au patrimoine de l’humanité par l’Unesco en 2000, se situe autour de la Plaza de Armas, une place élégante encadrée sur trois côtés par une rangée de bâtiments et d’arcades qui abritent une galerie marchande et montre sur le quatrième côté la façade de la cathédrale.
Avec sa belle fontaine et ses palmiers, la Plaza de Armas est un ensemble architectural de toute beauté.
La Cathédrale, au nord de la Place d’Armes, de style néo Renaissance, est la plus importante du Pérou avec une façade de 108 mètres de long et ses deux tours de 43,60 mètres. Elle a été commencée en 1540 au moment de la création de la ville et fut achevée en 1656. Plusieurs fois endommagée par des tremblements de terre, la reconstruction de 1842 fut à son tour détruite par un incendie en 1844. Une nouvelle cathédrale fut inaugurée en 1868. L’une de ses tours, démolie par le séisme de 2001, a été relevée en 2002.
La cathédrale a été consacrée Basilique par le Pape Pie XII en 1940. C'est une des 70 églises dans le monde qui a le privilège d'arborer l'étendard du Vatican.
L'intérieur est dépouillé. Les douze colonnes qui délimitent la nef sont en marbre de Carrare. Les orgues, originaires de la Belgique, ont été installés en 1870.
Le drapeau du Vatican, à droite de l'hôtel, commémore le passage à Arequipa du pape Jean-Paul II, venu en 1985 pour les cérémonies de béatification d'une religieuse locale.
L'intérieur de la cathédrale très sobre contraste avec les autres édifices religieux du Pérou. Ph. Delahaye.
De nouvelles petites rues nous conduisent vers l'église San Francisco.
Panneau apposé sur un mur interdisant la consommation et la vente d'alcool sur la voie publique. Ph. Delahaye.
Le complexe religieux formé par l'église et le couvent San Francisco a été construit à partir de 1569 par les moines franciscains qui sont arrivés à Arequipa en 1551.
L’extérieur est très sobre avec son porche en briques comme la plupart des édifices religieux construits par cet ordre. Il contraste avec celui des autres églises de la ville à la façade très ouvragée.
Le chœur est en bois peint et les chapelles latérales sont dédiées aux saints dont les statues sont d’un réalisme surprenant.
Au sortir de l'église, nous reprenons des petites rues en direction du site majeur de la ville, le couvent de Santa Catalina, dédié à Sainte Catherine de Sienne.
Chemin faisant, au gré de la promenade, nous découvrons de très jolies façades travaillées dans le sillar, cette pierre calcaire tendre facile à sculpter.
Avec ses hauts murs qui le protègent, le couvent Santa Catalina est une véritable ville à l’intérieur de la ville avec ses ruelles pavées aux noms de villes espagnoles, ses passages, ses cloîtres, ses fontaines, ses patios fleuris et ses maisonnettes peintes. C’est l’ensemble le plus important et le mieux conservé de toute l’Amérique latine.
Le couvent est ouvert au tourisme depuis 1970. Une partie des bâtiments reste cependant fermée car elle abrite aujourd'hui 35 religieuses.
Bâti en 1580 sur une superficie de deux hectares grâce aux dons d’une riche veuve désirant se retirer, le monastère accueillait les filles cadettes de riches familles espagnoles en échange du versement d’une importante dot en pesos d’or ou en mobilier, tableaux, bijoux et pièces d’orfèvrerie. Les recluses pouvaient conserver leur train de vie et organiser des réceptions. Elles disposaient d’un petit appartement avec une cuisine, un salon meublé et décoré, une chambre principale et une chambre de service pour leur servante.
Au début du XVIIIe siècle, le couvent abritait 450 femmes dont 135 religieuses. Les autres étaient des servantes et des esclaves noires.
Une fois franchi le patio du silence, on entre dans le cloître des novices, que les filles pouvaient intégrer dès l’âge de 14 ans.
Datant de 1805, il rassemble sous ses voûtes en briques de style roman, une belle collection de toiles de l’école de Cuzco du XVIIIe siècle.
Au fil de la visite, on parcourt tout un ensemble de ruelles portant le nom des villes andalouses dont les carmélites étaient originaires.
La calle Granada, débouche sur la jolie plaza Zocodober et sa fontaine. Elle faisait office de marché, où les religieuses se réunissaient chaque dimanche pour échanger fils, tissus et objets de leur fabrication.
La calle Sevilla mène au lavoir constitué d'une série d’énormes demi-jarres en terre cuite desservies par un canal central. Les religieuses y faisaient encore leur lessive avant l'ouverture de cette partie du monastère au public.
En 1871 la dominicaine Josefa Cardena, nommée à la direction du monastère, impose aux religieuses une vie rigoureuse de carmélites.
Depuis la visite du pape en 1985, les religieuses vivant dans le couvent ont à présent le droit de parler et de sortir.
La visite se termine, au bout de deux heures, par la pinacothèque installée dans l’ancien dortoir et où sont exposé une centaine de peintures de l’école de Cuzco datant des XVIIe et XVIIIe siècle.
Les visites ne sont pas terminées. Nous retournons vers la place d'armes où dans l'angle opposé à la cathédrale, se trouve l’ Eglise de la Compagnie de Jésus. Construite par les Jésuites entre 1573 et reconstruite 1698 après avoir été détruite par un tremblement de terre, c'est l'un des plus beaux exemples de l’architecture métisse avec sa magnifique façade baroque sculptée, véritable œuvre d'art avec sa profusion de motifs floraux, de représentations d'animaux et de symboles précolombiens sculptés en relief.
A l'intérieur de l'église on admire, entre autres, les rétables en bois recouverts de feuilles d'or, la Chapelle de San Ignacio avec des peintures murales illustrant la faune et la flore tropicales.
Cette église représente parfaitement l’architecture métisse avec l’association des influences chrétiennes espagnoles et incas. Des anges chrétiens, parfois coiffés de plumes, dialoguent avec le puma ou le serpent, figures de la mythologie inca.
Cet art baroque-métis illustre comment les jésuites ont laissé les artistes indiens participer à la création des églises, ce qui était le plus sûr moyen de faire des conversions sans violence.
Le cloître, construit vers 1740 est remarquable par ses piliers abondamment sculptés soutenant les arcades. Il a été transformé en une discrète galerie marchande aux belles boutiques d'artisanat.
Après ces visites très intéressantes, nous reprenons le car pour monter dans le quartier de Yanahuara. Depuis le belvédère, la vue est impressionnante sur la ville et ses 5 volcans environnants. Le plus grand, le Misti, se dresse face à nous du haut de ses 5825 mètres. Sa dernière éruption remonte à 1985.
Au pied des volcans, s’étend une vallée luxuriante irriguée par une série de canaux d’origine inca à partir de la rivière Chili. Le climat dans cette région est le même toute l'année. Il ne tombe que 80 mm. d'eau par an et le taux d'humidité n'est que de 25%.
Petite rue dans le quartier de Yanahuara et panneau d'interdiction de boissons alcoolisées. Ph. Delahaye.
Sur les conseils de notre guide local nous nous arrêtons à une petite échoppe pour acheter des bonbons à la coca. Il nous invite à acheter également des feuilles de coca à mâcher en prévision de notre départ le lendemain pour l’altiplano car elles sont censées oxygéner le cœur. Riches en protéines, calcium, potassium, elles ne sont pas assimilées à une drogue et sont mâchées chaque jour par les péruviens.
On est quand même méfiants ! On se contentera des bonbons !
Retour au centre ville pour la visite du marché. Des fruits et des légumes à profusion. Parmi ces derniers des pommes de terre, légume fétiche des péruviens avec 2000 variétés et de nombreuses sortes de maïs, dont une variété à grains noirs.
Puis, direction le marché artisanal où de multiples babioles sont exposées dans une débauche de couleurs.
Une dernière promenade nous emmène dans les beaux quartiers où dans un petit centre commercial je repère quelques bouteilles de l’anis local.
Retour à l'hôtel après cette journée bien remplie. Demain 5 heures de route nous attendent.
À suivre ... L'absinthe la plus haute au monde