Pérou, terre catholique
Jeudi 23 novembre 2017 - Alors que les Incas avaient le culte du soleil, les péruviens sont aujourd’hui 75 % à être catholiques pratiquants. La première congrégation à être arrivée au Pérou avec les espagnols est celle des dominicains. Suivront les franciscains.
L’évangélisation n’a pas dû se faire dans la douceur si l’on en juge par la présence d’un Musée de l’Inquisition. Prévu dans le programme, il est malheureusement fermé pour travaux. À la place, nous visitons l’église San Pedro située au bout de la rue piétonne aux balcons.
L'église San Pedro est l'une des plus anciennes de la ville. Édifiée par les Jésuites elle a été consacrée en 1638 et, jusqu'à une date récente, fut le lieu de culte attitré de la grande bourgeoisie de la capitale.
L’église résista mieux que d'autres aux séismes. Sa façade de style baroque est relativement simple. Les deux tours ont des balcons avec une corniche octogonale limitée par une balustrade. Chaque flèche se termine par un dôme considéré parmi plus beaux construits au Pérou.
San Pedro est la seule église à posséder trois portes comme les cathédrales mais comme ce n’en est pas une, elles ne doivent jamais être ouvertes en même temps, sauf pendant la semaine sainte.
L’intérieur est néoclassique avec une ornementation particulièrement riche. Le point commun à toutes les églises est une profusion d'or et d'argent. Rien n'est trop beau pour les saintes et saints implorés par les fidèles.
Dans le chœur, les pilastres sont droits recouverts de feuille d’or.
De chaque côté de l’autel, des balcons fermés recouverts eux aussi de feuille d’or étaient réservés aux notables.
Sur les parties basses des deux nefs latérales, les murs recouverts d’azulejos polychromes, (céramiques) qui avaient été importés de Séville captent la lumière. Au-dessus, de magnifiques tableaux, aux cadres travaillés et dorés à la feuille d'or font un ensemble baroque qui laisse pantois.
Les nefs latérales présentent de nombreuses chapelles dédiées aux saintes et aux saints. Certaines sont du jamais vu chez nous comme la Vierge Marie bébé ou encore représentée enceinte !
L'église de San Pedro a été déclarée sanctuaire archidiocésain du Sacré-Cœur de Jésus. Depuis 1878, la procession du Sacré-Cœur de Jésus a lieu chaque dernier dimanche de juin.
L'église est également consacrée à Santa Rosa de Lima, la première péruvienne, dominicaine, canonisée par le pape Clément X en 1671. Elle a été proclamée patronne de Lima et plus généralement du Pérou.
De l’église San Pedro nous nous dirigeons vers la Basilique et le monastère San Francisco. Ce complexe religieux monumental fait partie du Patrimoine Mondial de l'Humanité de l'Unesco. Il est considéré comme le plus réussi de toute l'Amérique Latine.
C'est en 1546 que les Franciscains construisirent une petite église consacrée à Saint François d'Assise. L'église et son monastère furent ensuite agrandis mais l’église fut détruite en 1865 par un tremblement de terre. Une basilique fut construite à la place et inaugurée en 1672. Le monastère quant à lui fut réparé et constamment embelli jusqu’en 1742.
Sa belle façade de style baroque avec des balustrades en bois autour des deux tours monumentales domine un grand parvis où les pigeons sont rois.
À l’intérieur, on peut admirer une grande nef centrale avec un autel de style néo-classique et un magnifique cloître entouré de galeries décorées par des azulejos, céramiques importées de Séville.
Lors du grand séisme de 1940, le dôme en bois de cèdre est tombé et a été refait en bois d’acajou plus léger.
Des chapelles situées dans les nefs latérales proposent à la prière un Saint de couleur noir, rappelant ainsi que l'esclavage a existé au Pérou jusqu'en 1841 et la statue de Saint Judas Tadeo, patron du travail, entouré de 1500 kg d'argent.
La bibliothèque et ses 25 000 livres appartiennent à la congrégation. Beaucoup sont en quechua, la langue des Incas. Malheureusement exposés à la poussière, leur état général laisse à désirer.
Nous empruntons un couloir qui longe une petite cour du monastère. La profusion d'azulejos couvrant les murs, de tableaux situés au-dessus ainsi que le plafond à caissons sont un enchantement.
A l'extrémité sont remisé les andas, sorte de trônes tout en argent sur lesquels sont placé les statues au cours des processions.
Puis nous descendons dans les Catacombes.
Situées sous la basilique, les catacombes étaient à l'époque coloniale, le cimetière des gens aisés, espagnols ou métis qui avaient les moyens de se faire enterrer au plus près de Dieu. Les historiens estiment que 80 000 personnes ont été enterrées là, sur 4 mètres de profondeur de 1672 à 1808, date de leur fermeture.
C’est un moine qui tomba dans un trou depuis la basilique qui permit de mettre à jour les catacombes, ce qui expliqua pourquoi de mauvaises odeur remontaient du sol à l'intérieur de la basilique !
Les os sont tantôt en vrac, tantôt régulièrement rangés.
La Cathédrale reste l’édifice majeur de la ville. Située sur la Plaza Mayor, c’est le bâtiment le plus connu avec ses deux tours qui se voient où que l’on soit.
Accolé à la cathédrale, le Palais archiépiscopal ou palais de l’archevêque. Sa belle façade baroque est ornée de deux grands balcons typiques de l’architecture coloniale espagnole. Le premier étage présente des expositions sur l’art religieux tandis le deuxième étage est toujours utilisé par l’archevêque de Lima pour exercer ses fonctions officielles.
C’est Francisco Pizarro qui a posé la première pierre de cette première église de Lima sur ce qui était un site inca en 1535. Elle fut achevée en 1625.
Détruite partiellement par une succession de tremblements de terre, en 1940 pour la dernière fois, la cathédrale a été à chaque fois reconstruite dans son style baroque néocolonial.
Comme la majorité des cathédrales du Pérou, la façade donnant sur la place comporte trois grandes portes. La porte centrale est appelée la «Porte du pardon». Sur les côtés se trouvent des sculptures des apôtres et au centre, le Sacré-Cœur de Jésus. Au-dessus de la porte, l'emblème du Pérou que l’on retrouve sur le drapeau.
Depuis le séisme de 1746, tout est à présent en bois, en vue du prochain : le plafond et les piliers qui le soutiennent. L’illusion est parfaite mais cela entraîne quelques contraintes. Il ne peut y avoir la célébration de mariages, la présence de bougies ou même de flash d’appareils photos par crainte d’incendies.
La cathédrale possède 3 nefs. La nef centrale conduit au chœur où le grand autel recouvert d’or laisse bouche bée.
Les sièges du chœur réalisés au XVIIe siècle en bois finement sculptés sont, de tradition renaissance, à l’effigie de saints et saintes.
Par ses différents styles architecturaux, la cathédrale est la synthèse des différents styles apparus dans la ville depuis son origine jusqu’à aujourd’hui.
Dans les deux nefs latérales, 14 chapelles avec des autels ciselés d'or sont consacrées pour la plupart à la Vierge. Parmi celles-ci, Notre-Dame de l’Espérance, N-D de la Sainte Famille, ND de l’Immaculée Conception…
Une chapelle est consacrée aux Saints péruviens : Santa Rosa de Lima, première sainte péruvienne, San Martin de Porres et San Juan Macias.
Une dernière chapelle, richement décorée est consacrée à Francisco Pizarro. Né à Trujillo en Espagne en 1475, il a été assassiné à Lima en 1541 par le groupe resté fidèle à Diego de Almagro, un ancien compagnon d’armes devenu rival, qu’il avait fait lui-même exécuté.
Pour aller au Musée archéologique, notre guide péruvienne qui parle un excellent français nous fait passer par un joli passage où des boutiques vendent de l’artisanat. On n’a pas le temps de s’y arrêter. On râle un peu mais on ignore encore qu’on en verra des dizaines, je devrais dire des centaines, tout au long de notre parcours !
À suivre... Des Chavins aux Incas