Lima, la ville grise
Jeudi 23 novembre 2017 - Nous quittons ce matin notre hôtel situé sur le front de mer de la banlieue balnéaire Miraflores, un des quartiers les plus chics de Lima, pour visiter quelques lieux remarquables de la ville. Le car nous conduit au centre ville historique pour une promenade guidée de deux heures.
Lima est la capitale et la plus grande ville du Pérou avec plus de dix millions d’habitants. La ville a été fondée, à l’embouchure du Rio Rimac il y a plus de 400 ans, le 18 janvier 1535, par le conquistador Francisco Pizarro qui fit la conquête du Pérou en 1532. Il lui donna le nom de Ciudad de los Reyes, la Cité des Rois. Avec le temps, c’est le nom en langue quechua, Lima, qui a persisté.
Située au bord de l’Océan Pacifique, c’est la ville la plus étendue sur un désert, avant Le Caire.
Entourée des favelas, sortes de bidonvilles, qui s’étendent sur des kilomètres et où vivent les gens pauvres descendus des hauts plateaux, la ville présente une succession de quartiers agencés suivant les classes sociales.
Les maisons sont basses à cause des tremblements de terre. Seul le quartier de Miraflores possède quelques immeubles. Ph. Delahaye.
Nous nous étonnons de ne pas voir de caniveaux avec bouches d’égoûts le long des trottoirs. C’est normal, il ne pleut jamais. Le climat de Lima est un climat subtropical désertique avec une pluviométrie annuelle de seulement 5 à 6 millimètres. Et encore ce n’est pas de la pluie mais un petit crachin qui rend les trottoirs glissants.
La ville est entourée des montagnes de la cordillère des Andes, ce qui contribue à maintenir au-dessus d’elle une humidité venant de l’Océan Pacifique. À Lima, le ciel est souvent blanc, couvert de nuages mais sans pluie. D'où son nom de "ville grise".
Trottoirs au ras de la rue, sans caniveaux. Il n'y a pas de règles d'urbanisme, chacun fait la maison qu'il veut. Ph. Delahaye.
Autre particularité de Lima : les barreaux présents sur toutes les fenêtres et les portes d’entrée. Cela s’explique par le prix exhorbitant des assurances. Les maisons ne sont donc pas assurées et se protègent comme elles peuvent. Dans les quartiers riches, cela revient moins cher de payer un agent de sécurité jour et nuit que de souscrire à une assurance !
Au quartier des classes moyennes, suit celui de la bourgeoisie avec des avenues aux grandes maisons bourgeoises datant de la fin du XIXe siècle.
Dans ces beaux quartiers, se trouvent les ambassades, le musée des Beaux-Arts, le Palais de justice et bien d’autres monuments que nous apercevons rapidement par les vitres du car.
L'ambassade de France au mur d'enceinte peint de symboles français pour remédier aux tags sauvages. Ph. Delahaye.
Le Palais de justice est un bâtiment construit de 1929 à 1939 pour servir de siège aux tribunaux de la "Cour suprême de Justice du Pérou".
Il s’agit d’une tentative de reproduction du Palais de justice de Bruxelles due à l'architecte d'origine polonaise Bruno Paprows. Il est toutefois de dimensions plus petites que son modèle bruxellois, l'espace intérieur est plus étriqué et la coupole n'a jamais été construite, alors qu'à Bruxelles elle culmine à 103 mètres
Nous voici à présent dans le centre historique de Lima. Avec ses bâtiments néo-classiques et surtout la Place d’Armes ou Plaza Mayor, reliée par une voie piétonne à la Place San Martin, le centre ville d’époque coloniale a été classé patrimoine mondial de l’UNESCO en 1991
La Place San Martin est une immense place entourée de monuments et de bâtiments importants. Elle est considérée avec la Plaza Mayor comme l'un des lieux les plus importants de la ville.
Avant d’être une place, c’était le lieu du Couvent San Juan de Dios qui fut remplacé en 1850 par une gare ferroviaire qui fut à son tour démolie entre 1911 et 1918. La place a été inaugurée le 28 juillet 1921 pour le centenaire de l’indépendance du Pérou.
Au centre de la place est érigé une imposante statue à la mémoire de José de San Martin, libérateur du Pérou.
José de San Martin était un général argentin qui a lutté pour l'indépendance des pays d'Amérique du Sud face à l'Espagne. La statue du général à cheval est censée représenter le moment où il a traversé les Andes pour libérer l'Argentine, le Chili et le Pérou.
José de San Martin exilé en France est mort à Boulogne-sur-Mer en 1850.
Sa dépouille fut transportée en 1861 dans le cimetière de Brunoy près de Paris, dans un caveau familial. Elle a été rapatriée en Argentine le 28 mai 1880. José de San Martin repose aujourd’hui dans la cathédrale de Buenos Aires, face à la Place de Mai.
À Boulogne/Mer, une statue en bronze réalisée par le sculpteur Henri Allouard a été inaugurée le 24 octobre 1901. Elle représente le Libertador portant un drapeau sur un cheval au trot, avec à ses pieds “La République” lui offrant une couronne de laurier. Cette statue située devant la plage est dite "miraculée". Le quartier où elle se trouve a subi lors de la Seconde guerre mondiale de nombreux bombardements qui ont détruit tout le secteur excepté la statue de San Martín.
La maison dans laquelle il a résidé à Boulogne/mer est devenue un musée en son honneur.
Pour finir, on peut voir une autre statue de José de San Martín réalisée par Louis-Joseph Daumas dans le Parc Montsouris à Paris. Deux répliques se trouvent respectivement à Buenos-Aires et à New-York.
La Place San Martin est entourée de bâtiments grandioses, parmi eux le théâtre Colon, situé au coin de la jiron de la Union. C'est un des plus vieux théâtres de Lima, ouvert en 1921 un peu avant la création de la place. Originellement conçu pour être à la fois un théâtre et un cinéma, il est dû au français Claude Sahut qui étudia l’architecture à l’École des Beaux-Arts de Paris. C’est là que fut projeté le tout premier film au Pérou attirant l’élite de la ville. Quelques années plus tard, il devint le cinéma porno le plus fameux de la région. En 2007, des travaux de restauration ont transformé le théâtre en centre culturel.
Les autres bâtiments situés autour de la place ont été construits en trois étapes : l’Hôtel Bolivar en 1924, les arcades Zela et Pumacahua en 1926 et le Club Nacional en 1929.Tous ont un style baroque néohispaniques ou néo-coloniaux inspiré des modèles européens néoclassiques.
De la Plaza San Martin, on arrive à la Plaza Mayor par le Jiron de la Union.
La Place d’Armes ou Plaza Mayor est le véritable cœur de la ville.
C’est le conquistador espagnol Francisco Pizarro qui dessina en 1535 les grandes lignes de la cité en formant un damier de la pointe de son épée, à partir de la Plaza Mayor.
Il s'octroya la partie nord où se dresse l'actuel Palais du Gouvernement. Le côté est de la Plaza de Armas fut attribué à l'église et on y érigea le Palais Archiépiscopal et la Cathédrale, tandis que le côté ouest était destiné à la Municipalité. Quant à la partie sud de la place, elle était répartie entre les lieutenants de Pizarro qui y construisirent leurs palais. Le tout forme une certaine unité de style baroque.
Vue générale d'une partie de la place avec en face, le Palais du Gouvernement. À droite, la Cathédrale et le Palais archiépiscopal. Ph. internet.
Le Palais du Gouvernement fut construit à partir de 1926 par l'architecte français Claude Sahut sur l'emplacement de l'ancien palais ayant appartenu à Francisco Pizarro. Les travaux interrompus après le krach de la Bourse de New York en 1929 furent repris par un architecte d’origine polonaise qui termina la construction en 1938. La façade de l'édifice reflète le style néo-colonial aux influences mauresques qu'avait dessinée Claude Sahut.
Le Palais Municipal : A la fondation le Lima, les services de la Mairie se trouvaient dans la Maison de Pizzaro. Ce n'est qu'en 1549 que commença la construction du Palais Municipal sur son emplacement actuel.
Le 3 novembre 1923 un incendie provoqua de sérieux dégâts dans le bâtiment et la plupart de ses services furent déménagés jusqu'à ce que l'on décida de construire un nouveau Palais Municipal. Le nouvel édifice fut inauguré le 2 juillet 1944.
La façade du Palais Municipal est de style néo-colonial avec ses arcades au rez-de-chaussée et de grands balcons respectant le style des demeures des premiers colons espagnols.
Au centre de la place une première fontaine fut construite en 1578 puis remplacée en 1651 par celle que l'on peut voir actuellement.
Tout autour de la Plaza Mayor les bâtiments ont des balcons en bois sculpté caractéristiques de l’architecture coloniale. Ils sont d’ailleurs l’un des critères qui a permis au Centre Historique de Lima d'être inscrit au Patrimoine Mondial de l'Humanité par l'UNESCO.
Depuis la Plaza Mayor, nous empruntons une première petite rue, la tête levée pour admirer les balcons. Nous arrivons ainsi à la Maison de la Littérature péruvienne, installée dans l’ancienne gare centrale, comme on peut encore le lire sur le fronton.
D’autres petites rues piétonnes offrent le même spectacle.
Avant de quitter le centre de Lima, nous visitons encore d’incroyables églises et le musée archéologique. Ce sera l’objet de prochains articles.
À suivre.... Pérou, terre catholique