Le mystère de Nazca
Vendredi 24 novembre 2017 - Nous quittons Paracas en direction de Ica puis Nazca que nous atteindrons en fin d’après-midi.
La route est toute droite au milieu du désert. Il s’agit du désert d’Atacama qui fait 4000 km de long, jusqu’à l’extrémité du Chili et qui est le désert le plus sec au monde.
Malgré tout le paysage est varié : des plaines sablonneuses succèdent à d’impressionnantes dunes ou laissent la place à des zone plus caillouteuses. Je fais une bonne centaine de photos à travers les vitres du car. Peu seront utilisables !
Ica est une région de vignobles. Grâce à un système d’irrigation développé par les nazcas et toujours utilisé aujourd'hui, des vignes poussent en plein désert.
À Ica, les tuks-tuks sont rois. C’est un moyen efficace pour se déplacer.
Juste à la sortie d’Ica, une énorme dune barre l’horizon. Elle limite une jolie petite lagune artificielle où restaurants, hôtels et résidences se côtoient dans un cadre idyllique.
C’est là, à l’hôtel Mossone, face à la lagune de Huacachina, que nous allons déjeuner. Un moment délicieux.
Puis nous repartons vers Nazca. Après ce moment de détente à la lagune, nous retrouvons le désert. Tout est archi sec. Pas le moindre végétal à l’horizon.
Et puis, à un tournant de la route, apparaît au loin une vallée verdoyante.
Image fugace car le désert absolu reprend vite le dessus.
Nous roulons, et d’un seul coup, sans que nous nous y attendions, nous voici, toujours en plein désert, devant le panneau qui annonce les lignes de Nazca.
Un mirador permet d’apercevoir quelques lignes mais on est loin d’imaginer l’ensemble des lignes et des dessins qui couvrent 3 900 km2
Les grands géoglyphes ne peuvent se voir que du ciel. Des petits avions Cesna proposent la balade, mais après 3 accidents mortels successifs dont un a coûté la vie à 5 français, il y a quelques années, l’état français déconseille fortement de prendre cette option. On se contentera donc du mirador.
Les géoglyphes (géo= terre et glyphes = représentation graphique) ou lignes de Nazca furent découvertes en 1926 lors d’un des premiers vols aériens.
Ces géoglyphes ont été tracés par la civilisation préinca des Nazcas qui s’est établie là de 300 avant J.-C. jusqu’au VIIe siècle de notre ère. Sous forme de lignes géométriques ou d’animaux stylisés, ils sont le témoignage d’une civilisation développée. Ils auraient été réalisés pour la plupart entre 400 et 600 après J.-C. répartis approximativement sur une distance de 50 km., reliant les villes de Nazca et de Palpa.
La profondeur des lignes ne dépasse pas 30 cm. Les pierres de la surface, colorées en rouge par l’oxyde de fer forment les limites de la ligne une fois déplacées. Dessous, entre ces limites, se trouve un sol gypseux qui colle le sable et qui forme la ligne. La température élevée ajoutée à ces caractéristiques du sol a permis la conservation des lignes pendant plus d’un millénaire.
Le plateau de Nazca est riche de plus de 350 dessins issus des rites religieux propres à la culture Nazca. Malheureusement, certains ont été endommagés par la construction de la Panaméricaine. C’est le cas de l’iguane, du serpent et du lézard coupé en deux.
La plupart des figures dont certaines peuvent faire plusieurs kilomètres sont constituées d’une seule et même ligne ne se recoupant jamais et sont parfaitement bien proportionnées.
Il existe de multiples explications sur la signification des géoglyphes. On peut retenir celle de la mathématicienne allemande Maria Reiche qui a passé près de cinquante ans dans le désert de Nazca. Selon elle, les géoglyphes dont les lignes pointent vers les étoiles ou les constellations représenteraient un immense calendrier astronomique correspondant à des dates importantes du calendrier agraire, telles que les semailles ou les récoltes.
Les dessins zoomorphes correspondraient à la représentation du cosmos. Par exemple, la figure de l’araignée serait une projection anamorphique de la constellation d'Orion.
Pour d’autres, il s’agirait d’un site rituel associé au chamanisme, les chamans prenant des substances hallucinogènes qui leur permettraient de voir leur animal-pouvoir, une pratique courante en Amérique du Sud.
Il est inutile d’énumérer toutes les théories car aucune n’est satisfaisante. Le mystère de Nazca reste entier.
Néanmoins, la théorie de Maria Reiche prédomine. Figure très respectée dans toute la région pour ses recherches archéologiques et son travail de préservation des lignes, on a donné son nom à un petit planétarium situé dans le centre de Nazca et où l’on nous a très bien expliqué son travail.
Devenue aveugle après avoir passé tant d’années dans le désert, elle est décédée à 95 ans à Lima et est inhumée à Palpa, près de l’endroit où elle a passé sa vie.
Arrivés en fin de journée dans la ville de Nazca, nous nous baladons dans cette petite ville où les arrêts de bus reprennent tous les dessins des géoglyhes.
Des petites rues commerçantes aux immeubles bas mènent à la place centrale où tout rappelle la culture Nazca.
Ce jour-là se tenait une manifestation contre la violence faite aux femmes.
Puis, retour à l’hôtel car le lendemain une grande étape nous attend.
À suivre... Sur la Panaméricaine