Des Chavins aux Incas

Publié le par Marie-Claude DELAHAYE

Jeudi 23 novembre 2017 - Dernière visite à Lima pour la découverte des civilisations précolombiennes : le Musée National d’Archéologie, Anthropologie et Histoire du Pérou.

En chemin, nous passons devant un site préinca situé dans Lima : Huaca Pucclanan, huaca signifiant temple. De ce grand centre cérémoniel et administratif présent en 800 à 1000 ans après J.-C. il reste encore quelques millions de briques mêlées à de la paille qui étaient peintes en jaune à l’époque.

 

Le site s’étendait bien au-delà de ce qu’il est aujourd’hui mais la ville a fini par tout envahir et notre guide Aurora nous dit qu’il devient peu à peu un bidonville.

On ne s’arrête pas mais j’arrive à prendre une photo à la volée à travers la vitre du car.

Huaca Pucclanan vu du car. Ph. Delahaye.

Huaca Pucclanan vu du car. Ph. Delahaye.

Pour une meilleure vision du site. Ph. Alain Amiel.

Pour une meilleure vision du site. Ph. Alain Amiel.

Le musée est constitué d’objets trouvés dans les sépultures et regroupe le témoignage de toutes les cultures qui ont précédé l’arrivée des espagnols en 1532. Elles sont nombreuses, la plus ancienne remontant entre 2627 et 2100 avant J.-C.

On ne retiendra que les principales sur lesquelles notre guide s’est le plus longuement arrêtée. Ce sont les civilisations Chavin, Paracas, Nazca, Mochica, Chimu et finalement Inca.

Petite facétie dans la cour du musée.

Petite facétie dans la cour du musée.

La culture Chavin était essentiellement localisée le long du littoral de l’océan Pacifique. Elle doit son nom au village Chavin de Huantar situé dans la partie nord-est du Pérou.

Cette culture est considérée comme la mère de toutes les civilisations andines. Elle a émergé vers 1000 av. J.-C. et a vu son apogée vers 800-300 av. J.-C. Elle est contemporaine des grands bâtisseurs égyptiens.

 

La civilisation Chavin est à l’origine d’architectures évoluées et a créé un art raffiné par l’introduction du travail du bronze, de l’or et de l’argent ainsi que par d'autres formes d'artisanat, comme la poterie et le tissage.

La domestication du lama et son élevage, a permis aux chavins de mettre en place des techniques de tissage élaborées à l’origine d’étoffes douces et raffinées.

Vitrines de poteries de la civilisation Chavin. Musée national de Lima. Ph. Delahaye.
Vitrines de poteries de la civilisation Chavin. Musée national de Lima. Ph. Delahaye.

Vitrines de poteries de la civilisation Chavin. Musée national de Lima. Ph. Delahaye.

Les céramiques ont pour la plupart des formes de potiron. On retrouve sur certaines, les figures divines qui sont celles des grands prédateurs locaux comme le jaguar, le puma, les rapaces ou encore le serpent. Ils sont présents, gravés en bas relief, sur les tombes et les sculptures monolithiques en granit.

Poteries d'origine Chavin.
Poteries d'origine Chavin.
Poteries d'origine Chavin.
Poteries d'origine Chavin.

Poteries d'origine Chavin.

Figure du puma.

Figure du puma.

La culture Paracas est une des plus importantes cultures pré-incas du Pérou qui émergea après la disparition de la domination Chavin.

Elle aurait existé, selon les suppositions, entre 800 av. J.-C. et 200 ap. J.-C.

Cette civilisation pratiquait la déformation crânienne par allongement dans un but esthétique, ainsi que la trépanation rituelle.

Déformation du crâne par allongement. Musée national de Lima. Ph. Delahaye.

Déformation du crâne par allongement. Musée national de Lima. Ph. Delahaye.

Trépanation du crâne. Le but pouvait être curatif en cas de maladie ou le plus souvent sacrificiel. Musée national. Ph. Delahaye.

Trépanation du crâne. Le but pouvait être curatif en cas de maladie ou le plus souvent sacrificiel. Musée national. Ph. Delahaye.

Les archéologues ont mis à jour des tombes avec au total 425 momies en position fœtale. Elles étaient accompagnées de multiples offrandes comme des colliers fabriqués à base de coquillage spondyle (provenant généralement des eaux chaudes des côtes équatoriennes), ainsi que des manteaux qui recouvraient les défunts, faits à base de coton et de laine de lamas et alpagas.

 

Les nombreux motifs et personnages, ainsi que les représentations de leur environnement naturel laissent entrevoir une cosmovision extrêmement riche et complexe probablement à l'origine de la culture Nazca.

Après l'an 200, la civilisation de Paracas se fond dans celle de Nazca.

Tombes avec des momies en position fœtale. Des objets de la vie quotidienne les accompagnent. Musée national de Lima. Ph. Delahaye.
Tombes avec des momies en position fœtale. Des objets de la vie quotidienne les accompagnent. Musée national de Lima. Ph. Delahaye.

Tombes avec des momies en position fœtale. Des objets de la vie quotidienne les accompagnent. Musée national de Lima. Ph. Delahaye.

Tissu, époque Paracas. Musée national. Ph. Delahaye.

Tissu, époque Paracas. Musée national. Ph. Delahaye.

La culture Nazca (ou Nasca) se développa entre 200 av. J.-C. et 600 ap. J-C. parallèlement à la civilisation Mochica qui occupait le nord de l'actuel Pérou.

 

Les Nazcas pratiquaient aussi la déformation crânienne à des fins esthétiques mais cette culture est surtout connue pour ses géoglyphes, immenses lignes et figures tracées dans le désert proche de la ville actuelle de Nazca.

 

Les céramiques polychromes à motifs zoomorphes sont les plus représentatives  de la civilisation Nazca, par leur sophistication technique et le symbolisme des motifs. Il s’agit surtout de bols, de gobelets, de vases et de récipients à double goulot. Les couleurs les plus employées sont des teintes chaudes comme le rouge, le marron, le jaune, le violet, ainsi que le noir et le blanc.

 

Poteries dues aux Nazcas. Musée national de Lima. Ph. Delahaye.
Poteries dues aux Nazcas. Musée national de Lima. Ph. Delahaye.

Poteries dues aux Nazcas. Musée national de Lima. Ph. Delahaye.

Les Nazcas sont aussi connus pour leurs magnifiques textiles tissés et brodés. Outre la laine qui était tirée des lamas et des alpagas, ils utilisaient également le coton. Le tissu était teint en utilisant diverses couleurs d'origine végétale ou animale, comme des cochenilles pilées pour obtenir la couleur rouge. Ils fixaient les pigments par de l’urine. Beaucoup de ces textiles ont été préservés grâce au climat aride de la région.

Après environ six siècles d'existence, la civilisation Nazca a décliné brutalement vers 350 peut être à cause d’inondations et de séismes à répétition.

Poteries Nazca. Détail du pot avec l'araignée. Musée national de Lima. Ph. Delahaye.
Poteries Nazca. Détail du pot avec l'araignée. Musée national de Lima. Ph. Delahaye.

Poteries Nazca. Détail du pot avec l'araignée. Musée national de Lima. Ph. Delahaye.

Poteries Nazca. Musée national de Lima. Ph. Delahaye.
Poteries Nazca. Musée national de Lima. Ph. Delahaye.
Poteries Nazca. Musée national de Lima. Ph. Delahaye.

Poteries Nazca. Musée national de Lima. Ph. Delahaye.

La culture Moche ou Mochica se situe entre l'an 100 et l’an 700 ap. J.-C. Elle était parallèle à celle des Nazca qui occupaient pratiquement à la même époque la côte sud péruvienne. Cette brillante culture est contemporaine des Maya et précède de plus de huit siècles le célèbre empire des Incas.

Des fouilles ont mis à jour de vastes aires domestiques, des temples, des palais et des mausolées contenant des tombes spectaculaires.

 

Le principal dieu Moche était créateur mais aussi "décapiteur". Il est représenté sur de nombreuses céramiques et fresques de temples. Il prend souvent la forme d'une araignée ou encore d'une créature ailée ou d'un monstre marin.

Lorsque le corps est entièrement représenté, on le voit toujours tenant dans une main un couteau et de l'autre une tête tenue par les cheveux. On pense qu'il s'agit d'allusions à des rituels de sacrifices humains pratiqués sur la huaca de la Luna. (le temple de la Lune)

Le dieu décapiteur des Moche. Musée national. Ph. Delahaye.

Le dieu décapiteur des Moche. Musée national. Ph. Delahaye.

Tumi ou couteau à large lame circulaire utilisé pour les sacrifices par les cultures Moche, Chimu et Inca. Ils sont en bronze, en cuivre ou alliage d'or. Celui-ci est en alliage d'or incrusté de turquoises. Musée de l'Or à Lima. Ph. Delahaye.

Tumi ou couteau à large lame circulaire utilisé pour les sacrifices par les cultures Moche, Chimu et Inca. Ils sont en bronze, en cuivre ou alliage d'or. Celui-ci est en alliage d'or incrusté de turquoises. Musée de l'Or à Lima. Ph. Delahaye.

Cette culture raffinée se caractérise par une production de céramiques parmi lesquelles les fameux vases-portraits qui se distinguent par leur couleur rouge sur fond crème. Le matériau utilisé était l’argile riche en fer et alumine. Les poignées et les becs étaient modelés séparément puis soudés au vase en cachant la jointure.

Poteries Moche. Musée national. Ph. Delahaye.
Poteries Moche. Musée national. Ph. Delahaye.
Poteries Moche. Musée national. Ph. Delahaye.
Poteries Moche. Musée national. Ph. Delahaye.

Poteries Moche. Musée national. Ph. Delahaye.

La culture mochica est l’une des seules à avoir réalisé des poteries représentant des scènes érotiques. Le musée Larco de Lima, que nous n'avons pas visité, leur a réservé une salle entière.

Dans la dernière phase de la culture Moche, les céramiques prennent un ton plus sombre jusqu'au noir, annonciateur de l'art Chimu.

La culture Chimu fut une importante civilisation précolombienne de 1000 à 1470 ap. J.-C. Elle est assez bien connue grâce aux chroniqueurs espagnols qui lors de la conquête ont recueilli et noté des témoignages de chimus ayant vécu avant la domination inca.

Les chimu étaient basés sur la côte nord du Pérou vers la ville de Trujillo avant de descendre dans le sud vers Arequipa.

Les recherches archéologiques penchent pour l’idée que la culture chimu est issue des restes de la culture mochica comme le suggèrent les nombreuses ressemblances dans leurs poteries ou leurs objets de métal aux ciselures fines et complexes.

 

À une période plus tardive, leurs poteries sont monochromes avec une surface noire brillante obtenue en les cuisant à haute température dans un four fermé, ce qui empêche l’oxygène de réagir avec l’argile. Elles représentent souvent un personnage assis ou debout sur une bouteille.

Poteries d'origine Chimu. Musée national de Lima.
Poteries d'origine Chimu. Musée national de Lima.

Poteries d'origine Chimu. Musée national de Lima.

Les Chimus adoraient la Lune, contrairement aux Incas qui adoraient le Soleil. Les coquillages de spondyles étaient fréquemment utilisés comme offrandes mais étaient aussi utilisés comme matériau par les artisans. Ce n’était pas le seul puisque les Chimus étaient également connus pour leur travail raffiné des métaux : cuivre, or, argent, bronze et tumbago, un alliage de cuivre et d'or.

Diverses variétés de spondyles. Ph. Wikipedia.

Diverses variétés de spondyles. Ph. Wikipedia.

De plus, ils tissaient le coton et les laines de lama, d’alpaga, de vigogne et de guanaco. Ils pêchaient avec des canoës fabriqués avec des roseaux et pratiquaient la chasse.

Poterie Chimu.

Poterie Chimu.

La culture Inca est relativement courte bien que la plus connue. Elle va se développer sur seulement un siècle.

L'empereur inca Tupac Inca Yupanqui conquit le territoire des Chimu vers l'an 1470, soit 60 ans avant l'arrivée des espagnols dans la région.

Nous en apprendrons davantage sur les incas quand nous serons à Cuzco, leur capitale, et au site fabuleux de Machu Pichu.

 

Toutes ces civilisations, cultivaient bon nombre de fruits et légumes dont les pommes de terre et le maïs. Ils tissaient leurs vêtements avec le coton qu’ils cultivaient et la laine des lamas et alpagas qu’ils avaient appris à domestiquer et élever et qui était réservée pour leurs beaux vêtements très colorés.

Tissu inca avec la représentation de la croix andine.

Tissu inca avec la représentation de la croix andine.

Chose très étonnante pour des civilisations évoluées, ils ne connaissaient pas l'écriture. Ils comptabilisaient des données à l'aide de quipus, cordelettes possédant des nœuds de couleurs différentes.

Il ne connaissaient pas, non plus, le cheval et la vache qui sont arrivés bien plus tard avec les conquistadores espagnols.

Quipus. Musée national de Lima. Ph. Delahaye.

Quipus. Musée national de Lima. Ph. Delahaye.

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