Rotorua, ville sulfureuse
Lundi 13 février 2017 - Depuis Waitomo et ses merveilleuses grottes aux vers luisants, nous sommes à environ 150 kilomètres de Rotorua, la prochaine étape.
Rotorua est en plein centre d'une région volcanique toujours très active et le paysage que l'on voit pour s'y rendre en est le reflet. La petite ville est entourée de forêts primitives, de montagnes, de lacs et de rivières.
La région a d'abord été colonisée par les Maoris qui ont donné au lac son nom, Rotorua qui signifie "deuxième lac" car il s’agissait du deuxième lac de Nouvelle-Zélande que les ancêtres de la tribu découvraient. Ils s’y installèrent car ils avaient compris l'avantage d'avoir l'eau chaude à volonté. Aujourd'hui, toute l'énergie thermique et électrique de la ville a pour source la géothermie.
Le lac de Rotorua est un lac de cratère. C'est le plus grand des 17 lacs situés au nord-est de la ville actuelle qui a pris le même nom.
À notre arrivée, nous prenons possession de notre logement à l'Auberge de jeunesse qui accueille toutes sortes de voyageurs. Située en plein centre ville, près du lac, c'est un endroit très bien agencé.
La promenade au bord du lac dans le beau parc de Kuirau, à deux pas de l'Auberge, s'avère pleine de bonnes surprises même si le temps très maussade uniformise tout dans des tons gris et laiteux.
Des multitudes d'oiseaux se promènent tranquillement sans se préoccuper des passants. Des mouettes et plus surprenant des oies quémandent quelques miettes de pain.
Des oiseaux inconnus dans nos régions m'ont particulièrement fascinée. Ils ont des pattes aux doigts très longs avec lesquels ils attrapent le pain qu'ils portent à leur bec. Mieux encore : quand ils attrapent un morceau de pain, ils le tendent d'abord à un congénère. J'ai trouvé cet esprit de partage incroyable et cette façon délicate de manger presque humaine.
Un peu plus loin, attirés par des fumerolles, nous nous trouvons face à nos premières manifestations volcaniques : des petites mares de boue chaude d'où s'échappent des bulles de gaz puis des zones recouvertes d'une croûte encore fumante et sentant fortement le souffre sur lesquels il est d'ailleurs interdit de s'aventurer. Rotorua a été surnommée "la ville sulfureuse", non sans raison. Ce qui est incroyable c'est que nous sommes en ville ! L'activité souterraine remonte à la surface jusque dans les rues où l'on aperçoit, ici et là, des fumeroles remonter entre deux arbres, d'une bouche d'égout ou au milieu d'un jardin. Une odeur de soufre est omniprésente.
En fait nous sommes au cœur d'un volcan, ou plutôt de sa caldeira, large de 22 km, qui englobe Rotorua et son lac. Une caldeira est une dépression, souvent circulaire et à fond plat, liée à l'effondrement de la chambre magmatique suite à une éruption volcanique. Son centre est marqué par un nouveau cône volcanique, l'île Mokoia, située au milieu du lac de Rotorua.
Au loin, des fumerolles qui s'élèvent un peu partout sur les bords du lac et sur les flancs des montagnes environnantes. Finalement, pas rassurant tout ça !
Autre point d'intérêt : la Résidence du Gouverneur construite dans le style Tudor est devenue un centre de cure thermale avant d'être transformée en musée.
Rotorua a été promue station thermale dès 1883. En 1894, le Rotorua express relie la ville d'Auckland à la station, lui assurant ainsi un développement rapide. C'est en 1908 que les occidentaux en font une véritable ville thermale.
Le rez-de-chaussée du musée propose une cinématique sur l'histoire géologique du pays et les légendes maories tandis qu'une autre aile du bâtiment est consacrée à la culture Maori. Malheureusement, le musée était fermé pour une durée indéterminée suite à un tremblement de terre !
Il ne reste plus qu'à se promener dans le jardin, un peu dépités quand même, pour admirer les massifs de pétunias et la roseraie et regarder les joueurs de criquet sur la pelouse.
Pour terminer la journée, quelques courses au supermarché du coin. C'est l'occasion d'aller voir au rayon alcool s'il y a de l'absinthe. Mais j'ai beau chercher, il n'y a pas de rayon alcool ! Pas même de vin ou de bière. La règlementation est aussi stricte qu'en Australie. En fait, tout ce qui est alcool est vendu dans d'énormes boutiques spécialisées. Il n'y a qu'à traverser le parking !
À l'intérieur tout est rangé et organisé. Au rayon des anisés, La Fée Absinthe parisienne est là, en bonne place.
La vendeuse interrogée m'apprend que ce sont les touristes étrangers qui achètent une bouteille de temps en temps. Je m'en serais doutée. Les colons du XIXe siècle étaient d'origine anglaise, un peuple qui n'a jamais été amateur d'absinthe, leur péché mignon de l'époque étant le gin. Ils n'ont donc pas apporté l'absinthe avec eux qui est complètement inconnue dans ces contrées lointaines. Mais, La Fée y est quand même !
À suivre...Au cœur du volcan chez les Maoris