La Brasserie Mollard
Nous voici à présent dans un tout autre quartier, à la gare Saint-Lazare où se trouve une petite merveille. Dès la rue, on sait ce qui nous attend car la grande baie vitrée sans rideau laisse voir toute la magnificence de la salle.
Petite verrière au-dessus de la porte d'entrée. Le Mollard, 115 rue Saint-Lazare 75008 Paris. Métro Saint-Lazare ou Havre-Caumartin. Ph. Delahaye.
Ayant quitté leur Savoie natale, Monsieur et Madame Mollard débarquent à Paris et acquièrent en 1867 le "Bougnat" rue Saint-Lazare, face à la gare en voie d'achèvement de construction. Chaque matin, Monsieur Mollard livre avec son cheval et sa voiture les nouveaux immeubles du quartier en bois de chauffage pendant que son épouse sert sur le zinc vins, bières et absinthes.
Les Mollard profitent de l'expansion extraordinaire du quartier avec le développement des transports urbains et l'ouverture des grands magasins. En 1895, ils décident d'agrandir leur "Bougnat" et confient la transformation de leur établissement à l'architecte Édouard Niermans qui réalisa entre autres le Negresco à Cannes. Il fit lui-même les dessins des mosaïques et de tout le matériel jusqu’aux portemanteaux et meuble de la caissière. Pour réaliser les mosaïques, il fit appel à des artistes italiens mosaïstes, maître verriers tandis que les faïenceries de Sarreguemines vont créer des motifs originaux représentant des personnages allégoriques et des scènes typiques de la fin du XIXe siècle. (Texte de la Brasserie Mollard).
La Brasserie Mollard sera inaugurée le 14 septembre 1895. L'ouverture annoncée dans le Gil Blas, verra se déplacer le "Tout Paris" qui assiste à la naissance de l'Art Nouveau.
Après la première guerre mondiale, jugeant le décor démodé et afin de relancer le restaurant en perte de clientèle, l'essentiel de la décoration fut caché sous de la peinture et de grandes glaces, ce qui permit d'en conserver intacte la presque totalité pendant près de cinquante ans. Seule, la verrière centrale s'effondra en 1920.
La deuxième grande salle parallèle à la première. Seule la verrière n'est pas d'origine. Ph. Delahaye.
En 1965, avec le retour du goût pour la Belle Époque, les peintures ainsi que les grandes glaces furent retirées pour retrouver la décoration d’origine. Toutes les grandes fresques de l'époque ont été restaurées. Mollard a ainsi retrouvé son cadre de 1895 et son décor historique fait de mosaïques, céramiques et bois de teck aux tons vert d'eau, bleu roi, dorés, de marbres beiges et marrons sur les grandes colonnes.
Nous avons voulu profiter de ce lieu et avons pris un chocolat chaud et une pâtisserie tout en laissant nos yeux errer dans le décor. Un moment qui a permis à Bryce de faire le point. Il était bien-sûr sous le charme et était très content de sa journée mais légèrement déçu quand même car il s'attendait à voir tout le monde devant une absinthe ! Or, dans tous ces beaux cafés historiques, l'absinthe n'est jamais à la carte et rares sont ceux qui en possèdent. Est-ce la mauvaise réputation qu'elle traîne toujours avec elle qui lui nuit ? D'abord boisson bourgeoise, est-elle devenue trop populaire pour la petite "bourgeoisie" d'aujourd'hui ?
Avant de terminer cette longue journée, je décidai de ramener Bryce à la réalité d'aujourd'hui et après un dernier métro, la Fée verte nous a tendu les bras !
À suivre... La Fée verte
Pour reprendre l'histoire à son début et découvrir qui est Bryce : http://absinthemuseum.auvers.over-blog.com...de-voleurs.html