Destination Pékin
Transsib 13- Vendredi 19 août- Le soir est tombé et la responsable du wagon nous prévient vers 19h que les toilettes seront fermées dans 30 mn. et qu'il sera interdit de sortir du compartiment. La frontière chinoise approche.
C'est d'abord la douane mongole. On nous prend nos passeports et les papiers qu'on a remplis. On commence à avoir l'habitude. Les cabines sont rapidement inspectées. Les passeports rendus, le train repart pour s'arrêter quelques minutes plus tard. Cette fois, ce sont les douaniers chinois, plus souriants que les précédents, qui réclament à nouveau les passeports. Pas d'inspection de cabine, pas d'ouverture de bagages. La Fée peut continuer à suivre. Le train repart mais c'est un faux départ car comme pour l'entrée en Biélorussie, il faut changer les essieux du train, l'écartement des voies n'étant pas le même.
L'opération va durer de 20 heures à 1 heure du matin ! Tous les wagons sont désolidarisés les uns des autres et répartis sur trois voies distinctes dans un immense hangar, ce qui permet d'observer ce qui se passe avec les autres wagons.
Interdiction de descendre. On subit donc les marches avant, les marches arrière et tous les chocs inhérents aux manœuvres. Chaque wagon est soulevé à près de deux mètres de haut avec nous dedans, par des vérins hydrauliques. Changement de tous les bogies puis redescente des wagons et manœuvres de raccrochage avec les heurts qui vont avec.
Au début, personne n'ose prendre de photos. Avec les chinois, on ne sait jamais. Au bout d'un moment, je me risque furtivement. Évidemment, elles seront floues. Puis peu à peu, tout le monde s'y met et personne ne dit rien.
Le train repart mais seulement pour sortir du hangar. Il s'arrête un peu plus loin à la gare et on est enfin autorisés à descendre sur le quai. La nuit est douce. Il est 2 heures du matin quand le train repart. On peut se coucher et dormir.
Au réveil, on a vraiment la sensation d'être en Chine. Le paysage est totalement différent de celui de la Mongolie. Des cultures, des maisons aux tuiles rouges, des immeubles
remplacent la steppe. Le temps est radieux.Évidemment, je scrute le bas-côté à la recherche d'absinthe. Je ne vois rien de spécial jusqu'au moment où dans un jardin à l'air abandonné je remarque cette masse à la couleur verte spéciale. Quelques clichés vite faits qui laissent néanmoins apparaître la tige bien rouge de l'Artemisia campestris.
Pendant ce temps, la Fée, stoïque, continue son voyage.
Puis, les immeubles commencent à se densifier. Pékin approche.
Et enfin l'arrivée. La gare est immense et d'une propreté remarquable. Après la Mongolie et ses steppes désertiques, Pékin est un vrai choc culturel. Il y a beaucoup de monde. Les gens sont majoritairement jeunes, rieurs et bavards, ce qui fait un bruit incessant qui me fait penser à des piaillements d'oiseaux.
Il reste trois jours et demi pour découvrir les plus beaux sites du Pékin ancestral. Il n'y a pas de temps à perdre. Juste le temps d'une petite pensée pour l'absinthe Dutruc de Saint-Marcellin en Isère et de son Thé au Mandarin.
Fixé sous verre. Publicité des frères Auguste et Romain Dutruc associés à Marius Grillat. Vers 1870. Coll. Durand.
À suivre...Transsib 13-1- La Fée me fausse compagnie !