Absinthe Chavin sur plaque de verre

Publié le par Marie-Claude DELAHAYE

Les photographies sur plaques de verre comportent un côté en verre (le support) et un côté émulsionné (la couche sensible au gélatino-bromure d’argent).

Le verre a été utilisé comme support de photographie dès 1850. Pour cela il était recouvert d’une émulsion sensible à la lumière. Cette couche sensible est constituée de sels d’argent mélangés à une substance qui adhère au support en verre.

Cette substance, ou liant, est différente selon l’époque. Chronologiquement, on a utilisé l’albumine, le collodion puis à partir de 1878 la gélatine. Ce procédé gélatino-bromure d’argent allie sensibilité accrue et simplicité d’utilisation. Les plaques peuvent être conservées pendant de longues périodes avant d’être utilisées ce qui a permis leur diffusion en grand nombre par production industrielle et donc leur accession à un large public.

Au début du XXe siècle, les plaques de verre furent remplacées par la pellicule mais elles seront cependant utilisées dans les grands services photographiques de l’État jusque dans les années 1950.

Aujourd'hui, il est possible de numériser une plaque de verre au moyen d'un scanner à plat. La numérisation en haute définition, 1200 dpi, permet de restituer toutes les nuances du négatif. L'image numérisée, enregistrée au format de fichier tiff 16 bits est ainsi définitivement sauvegardée.  Avec un logiciel photo approprié, une image positive peut être obtenue à partir du négatif.

Négatif sur plaque de verre. Collection et photo Ledoux.

Négatif sur plaque de verre. Collection et photo Ledoux.

Image positive obtenue à partir du négatif. Collection et photo Ledoux.

Image positive obtenue à partir du négatif. Collection et photo Ledoux.

Cette scène d'absinthe qui réunit ces trois messieurs est intéressante à bien des points de vue. Tout d'abord ils ne sont pas trois mais quatre, le quatrième ayant laissé son verre sur la table pour prendre la photo. Outre la bouteille d'absinthe, on peut remarquer que les cuillères utilisées ne sont pas percées. Ce sont de simples cuillères creuses dans lesquelles le sucre pouvait être placé avec un peu d'eau pour réaliser sa dissolution avant d'être plongé dans le verre. À moins que ces messieurs n'aient  préféré l'absinthe non sucrée et dans ce cas les cuillères ne servaient qu'à bien mélanger l'eau à l'absinthe. Néanmoins, on notera au centre de la table un objet faisant penser à un sucrier.

 Petites fantaisies pour la photo : une cuillère placée dans le goulot de la carafe et une autre en équilibre sur le bouchon de la bouteille. Cette dernière est sûrement le résultat de plusieurs essais quand on voit à quel point la table mal calée fait pencher la bouteille. Le pot à eau est apparemment en faïence. À l'intérieur, l'eau doit y être très fraîche car des gouttes de condensation perlent à sa base.

Qu'en est-il de la bouteille d'absinthe ?

Une fois la bouteille grossie, l'étiquette portant la marque D. Chavin apparaît très nettement.

Image sur la plaque de verre. Photo Ledoux.

Image sur la plaque de verre. Photo Ledoux.

Image positive. Photo Ledoux.

Image positive. Photo Ledoux.

Étiquette telle qu'elle se présente sur la bouteille. Collection Amiel.

Étiquette telle qu'elle se présente sur la bouteille. Collection Amiel.

D. Chavin successeur de Desgranges & Cie en 1881 était distillateur à Bourgoin en Isère. D. puis M. Chavin proposeront leur Absinthe inimitable. (Voir le tome 2 du dictionnaire des marques).

La photo montre t-elle les propriétaires de la marque ? On est dans l'impossibilité de le savoir. Mais la date précise de la photo pourrait être connue si l'on arrivait à grossir suffisamment le journal La République.

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