Les sceaux de verrier
Parmi les nombreux objets insolites que la collection nous fait découvrir les sceaux de verrier nous séduisent particulièrement par leur aspect artisanal.
Les sceaux de verrier permettent d’apposer sur une bouteille un cachet en verre qui portera soit le nom du fabricant, soit le nom du produit contenu dans la bouteille, soit des initiales seules ou encore un blason. Les sceaux ont une gravure en creux. Leur empreinte dans le verre donnera le cachet. Ils sont à distinguer des tampons dont la gravure est en relief.
La matrice proprement dite du sceau est en laiton. Elle est gravée – à l’envers – au nom de la marque ou du fabricant. Le sceau se termine en une pointe enfoncée dans une pièce en bois qui sert de manche. Entre les deux, une virole métallique protège le bois de la surchauffe du verre fondu.
Matrice du sceau pour l'Absinthe G. Déchanet Pontarlier. Collection Talfumière. Cachet sur la bouteille. Collection Delahaye.
Les matrices des sceaux étaient réalisées par des graveurs-mécaniciens. La verrerie de la Vieille-Loye, près de Dole dans le Jura, qui a fabriqué de nombreuses bouteilles destinées aux distillateurs, notamment de Franche-Comté, les utilisait dès le milieu du XIXe siècle. Elles provenaient de la maison J. Augey à Saint-Claude.
Les manches sont le plus souvent de conception rudimentaire mais quelques-uns sont en bois joliment tourné.
Un peu d'histoire
La bouteille cachetée la plus ancienne semble dater du XVIIIe siècle. Elle a été trouvée en Champagne dans les ruines de l’abbaye de Saint-Basle. À cette époque, il n’y avait que peu de cachets sur les bouteilles. Il s’agissait essentiellement de bouteilles à vin qui étaient prisées par les verreries royales, les abbayes, la noblesse, la haute bourgeoisie et les magistrats de certaines villes.
Le XIXe siècle avec son industrialisation et son urbanisation vit apparaître l’utilisation croissante des bouteilles à vin. L’emploi du cachet se répandit au début surtout sur les bouteilles bordelaises. Dans la deuxième moitié du XIXe siècle, les bouteilles cachetées sont utilisées de plus en plus souvent et les cachets apparaissent alors non seulement sur des bouteilles à vin, mais aussi sur des bouteilles à bière, à eau minérale, à huile et sur les bouteilles de spiritueux. Dans cette dernière catégorie, l’absinthe se distinguera avec de nombreuses bouteilles portant en cachet, le nom du distillateur ou la caractéristique de l'absinthe.
Les cachets de verre sont destinés à attirer l’attention du consommateur sur ce que contient la bouteille mais aussi sur son producteur,
. Le cachet personnalise la bouteille au même titre que l’étiquette. Il fait sortir le contenant et son contenu de l’anonymat et devient à ce titre un véritable message publicitaire. Source : Bulletin de l’Association Française pour l’Archéologie du Verre, 2008.Technique pour apposer un cachet de verre sur une bouteille.
L’ouvrier prend une petite masse de verre avec la cordeline - Baguette métallique avec laquelle on prend le verre fondu pour former le cordon du goulot des bouteilles - il fait couler cette masse de verre sur le col ou le corps de la bouteille, l’étend un peu avec la cordeline puis il presse le sceau sur le verre, pas trop fort pour éviter la déformation de la bouteille mais avec cependant une certaine pression afin d’obtenir un cachet bien lisible. L’excédent de verre forme un bourrelet autour du cachet.
Les sceaux de verrier au nom de Pernod sont les plus nombreux. La famille est grande !
Cachet Pernod Fils. Les étoiles sont remplacées par des fleurs. Voir le sceau plus haut dans la collection Thuillier. Cette bouteille fait partie de la cargaison du Marie-Thérèse, trois-mâts barque qui s'était échoué en mer indonésienne en 1872. Il fut retrouvé en 1991. Coll. Delahaye.