Nouvelles révélations sur les origines de l'absinthe

Publié le par Marie-Claude DELAHAYE

Après avoir déjà publié deux ouvrages sur l'absinthe au Val-de-Travers, les chercheurs suisses Jacques Kaeslin et Michel Kreis ont continué leurs recherches fastidieuses dans tous les actes notariés du Val-de-Travers et dans les Feuilles d'Avis de Neuchâtel de 1750 à 1830. Un dépouillage systématique que seul quelqu'un d'obstiné et résidant sur place, pouvait faire. Ils viennent de les rassembler dans un troisième ouvrage : "L'Absinthe au Val-de-Travers. La vie des pionniers entre 1750 et 1830".

Édition octobre 2015.

Édition octobre 2015.

Le patient travail de Jacques Kaeslin et Michel Kreis démontre que l'origine de l'absinthe est bien antérieure à la date qu'on lui prête habituellement, les premières publicités de marchands apparaissant dès 1769. En 1790, le village de Couvet est déjà réputé pour son absinthe et sur la place de Neuchâtel, les commerçants proposent de l'extrait d'absinthe en tonnelets mais, précisent-ils, rien n'indique d'où il vient.

Nouvelles révélations sur les origines de l'absinthe
Nouvelles révélations sur les origines de l'absinthe

Dans ce livre, les auteurs nous apprennent que le fameux docteur Ordinaire, français exilé en Suisse pour des raisons politiques, avait en fait déserté le régiment de Metz après 7 années de service.

Ils révèlent également que celle que l'on a coutume d'appeler la "Mère Henriod" et à qui l'on attribue l'honneur d'être la première distillatrice ne serait pas la bonne.

la première distillatrice d'absinthe connue de Couvet, serait Marguerite Henriette Henriod dite  Mademoiselle Henriod, détentrice de la "fameuse et unique recette d'extrait d'absinthe de Couvet comme indiqué sur la première étiquette connue".  Elle tenait cabaret à la rue St Gervais à Couvet et aurait initié deux de ses neveux à la distillation.

Celle que l'on connaît sous le nom de "Mère Henriod" serait en fait l'épouse de l'un des neveux de Marguerite, Jonas Henri Henriod. Elle tenait sous son nom de jeune fille, Marie-Louise Favre dite Lisette Favre, une pension à Genève et produisait et vendait de l’absinthe selon la recette de Couvet issue de celle de sa tante par alliance Marguerite Henriette. Ivrognes, acculés à la misère, elle et son mari Jonas Henri Henriod, commirent de nombreux vols, avant de devoir fuir de la Principauté de Neuchâtel où ils étaient recherchés sous mandat d’arrêt. Sans doute affublée du vocable « Mère Henriod » du fait de son penchant immodéré pour l’alcool, Marie Louise Henriod-Favre produisait un extrait d’absinthe qu’on avalait avec peine, plus amer que celui de Dubied père et fils, d'après ce qu’en ont rapporté les chroniqueurs. (Cf Kaeslin-Kreis)

Les débuts semi-industriels de l'absinthe reviennent toujours à l'association Dubied-Pernod, aucun document antérieur n'ayant encore été trouvé.

Nouvelles révélations sur les origines de l'absinthe

Évidemment, c'est très dérangeant pour les passionnés de la Fée verte que nous sommes de se trouver face à une histoire qui n'a plus grand chose à voir avec celle construite de façon romanesque, transcrite et reprise par les uns et les autres et qui finalement a assez peu de points communs avec la réalité.

Si beaucoup ont du mal à l'accepter, à leur décharge, disons que tout ceci est affaire de spécialistes et d'historiens. L'ensemble des amateurs ne cherche pas à mettre un nom précis derrière le vocable de Mère Henriod ni derrière aucun autre nom. Il les reçoit tels qu'ils sont, c'est à dire des personnages qui restent malgré tout un peu énigmatiques et dont la rencontre insolite va être à l'origine d'un phénomène qui va secouer de façon inattendue la société  du XIXe siècle et au-delà puisque la Fée verte n'a jamais cessé de faire parler d'elle.

Nouvelles révélations sur les origines de l'absinthe

Jacques Kaeslin et Michel Kreis ont tourné des milliers de pages, traquant le moindre indice, la moindre information. Si leurs sources n'apparaissent pas clairement en notes de bas de pages dans le livre, leur fichier Excel de 7600 (sept mille six cents) références peut être consultée à domicile sur rendez-vous.

Le livre est disponible au prix de 40 euros (livre 35€ + poste 5€) par chèque au porteur à l'adresse suivante :

Jacques Kaeslin

Grand-rue 11

CH-2112 Môtiers/NE

Publié dans Littérature

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