Ambrotype et Nature morte à l'absinthe
Très belle surprise, qui m'a beaucoup touchée, reçue des États-Unis. René Rondeau, collectionneur de montres anciennes, d'appareils photos, de phonographes et d'absinthe a confectionné spécialement à mon intention, un ambrotype selon le procédé du collodion humide sur plaque.
La nature morte de sa composition, bien dans le style de celles de l'époque, apparaît argentée sur fond noir.
Ambrotype représentant une Nature morte sur laquelle sont présents bouteille, carafe, verre, soucoupe et cuillère. En arrière plan, le pot à cuillères et sur le côté gauche, le pyrogène, objet indispensable aux fumeurs. Photo Delahaye.
L'ambrotype est un procédé photographique qui a succédé au daguerréotype inventé en 1839 par Louis Daguerre. Le daguerréotype produit une image uniquement positive ne permettant aucune reproduction de l'image. Il est constitué d'une plaque, le plus souvent en cuivre, recouverte d'une couche d'argent et sensible à la lumière grâce à une exposition à des vapeurs d'iode qui en se combinant à l'argent produisent de l'iodure d'argent sensible à la lumière. Exposée à la lumière, la plaque enregistre une image invisible qui sera révélée par des vapeurs de mercure. Utilisé pendant environ une dizaine d'années, le daguerréotype sera remplacé par l'ambrotype en 1854.
L'ambrotype est un négatif sur plaque de verre au collodion, sous-exposé à la prise de vue, puis blanchi chimiquement au développement. Posée sur un fond noir, l'image apparaît en positif.
Préparation de la plaque
Du collodion liquide est coulé en une mince couche parfaitement homogène sur une plaque de verre. Composé de nitrate de cellulose dissous dans un mélange d'alcool et d'environ 40% d'éther, une ventilation de la pièce s'impose. Lorsqu'il commence à devenir sirupeux au bout d'une dizaine de secondes, la plaque posée sur un support est plongée avec délicatesse dans un récipient contenant une solution de nitrate d'argent. Attention aux doigts car le nitrate d'argent noircit au contact des matières organiques !
Développement de la plaque
Sous lumière orange ou rouge, un révélateur à base de sulfate, alcool et acide acétique ferreux est rapidement coulé sur la plaque. Il doit rester en surface sans couler sur les bords. L'image apparaît au bout d'une quinzaine de secondes. Le révélateur est alors immédiatement rincé abondamment avec de l'eau pour éliminer toute trace. On obtient ainsi un négatif qui peut être traité ensuite à la lumière normale.
Le négatif est placé sur un support et délicatement plongé dans une solution de cyanure de potassium. En quelques secondes, il se transforme en positif. Posée sur un fond noir, l'image apparaît en positif.
L'ambrotype est soigneusement lavé à l'eau et séché à l'air. Ensuite, pour protéger l'argent et éviter qu'il ne se ternisse, on coule à sa surface une légère couche de vernis que l'on sèche rapidement à la chaleur d'une lampe à pétrole. Le vernis s'étale et forme alors un film dur et protecteur.
Ce procédé a connu une grande popularité jusqu'aux années 1870 - 1880 environ car il permettait d'obtenir des clichés d'une grande finesse et de rendre une gamme de gris particulièrement étendue.
Pour voir toutes les étapes de cette réalisation, je vous invite à regarder le blog de René ainsi que sa galerie de portraits réalisés par ce procédé :
http://edisontinfoil.com/wetplate-process/wetproc.htm
http://www.edisontinfoil.com/collodion/index.html
Merci à René de nous faire découvrir ces belles techniques aujourd'hui oubliées à l'ère du numérique.