1856 : Le verre Gaillard, premier Verre réservoir pour l'absinthe
Ce que nous avons coutume d'appeler Verre réservoir ou Verre doseur ou encore Verre à boule doseuse semble dater de 1856 comme l'indique ce dépôt de marque intitulé Invention d'un nouveau système de verre pour le mélange de l'absinthe à l'eau par Charles Jean-Baptiste Gaillard, rue Saint-Claude à Paris.
L'invention pour laquelle je demande un brevet de quinze années consiste en un verre en cristal, verre ou toute autre matière transparente ou opaque et à double compartiment que je nomme verre Gaillard.
Charles Gaillard propose deux sortes de verres. Seule l'idée du deuxième, plus simple, perdurera et sera à l'origine de tous les magnifiques verres doseurs que l'on connaît.
Légende descriptive du premier verre
"Ce verre, figure 1ère, a deux chambres, l'une A est pour l'absinthe et la seconde B qui est le gobelet ou coupe est pour l'eau.
La séparation des deux chambres est faite par un diaphragme, a, en verre ou en cristal et qui a à sa circonférence six, sept ou huit trous plus ou moins qui mettent ces deux chambres en communication car les trous sont dans le moulage et au moyen de broches [...]"
Légende descriptive du deuxième verre
"La figure 2ème représente un verre formant coupe, B, la jambe est un œuf, A, plus ou moins allongé, cet œuf est creux et contient la quantité du liquide des autres verres à liqueurs, au-dessous est le pied, c. Ces deux capacités ont leur communication ensemble par son trou, d, d'environ un centimètre de diamètre. Cette ouverture est rigoureusement nécessaire pour assurer la fonction de mon verre."
"Les figures trois quatre et cinq représentent des diaphragmes fixes ou mobiles que je me réserve d'adapter si bon me semble. Ces diaphragmes sont à 4, 5 ou 6 pans et laissent à leur circonférence des ouvertures qui suffisent à la fonction de mon verre.
Le centre de ces diaphragmes étant plein offre une digue à l'eau que l'on verse avec abondance dans le verre. Il en est de même pour la figue 2 qui par sa forme de coupe et le peu d'ouverture qui sépare les deux compartiments l'eau trouve une surface assez large et ne peut pas déplacer précipitamment l'absinthe qui est dans le verre."
Ces verres ainsi construits donnent un résultat parfait, infaillible.
On verse d'abord l'absinthe dans la coupe et ce liquide passe par les trous du diaphragme ou du trou du verre, fig.2, pour se rendre dans le petit verre à liqueurs puis l'on verse l'eau au moyen d'une carafe ou tout autre vase et ceci sans précaution, aussitôt le mélange s'opère, on voit l'absinthe traverser l'eau en tourbillons multiples et aussitôt que les tourbillons cessent, l'absinthe est faite, c'est-à-dire au bout d'une minute. [...]
Avec mon nouveau système de verre, je lève tous les inconvénients et j'offre au consommateur un verre, simplement en verre, qui n'a besoin d'aucun agencement ni préparation pour obtenir un résultat incontestable. "
L'invention de Charles Jean-Baptiste Gaillard est devenue un classique et le verre réservoir ou verre doseur est la référence même du verre à absinthe.
De multiples variantes ont vu le jour, présentées dans les catalogues de verriers.
Verre à absinthe œuf tel que décrit par Gaillard. Le trou séparant les deux récipients est petit, permettant la remontée de l'absinthe dans l'eau sous forme de volutes. Collection Delahaye.
Verre doseur gravé Nass & Heckmann, Thann-Belfort. Collection Triboulot. Voir le tome 4 du Dictionnaire des marques pour l'historique de la marque. Photo Delahaye.
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