1846 : le Verse-eau, premier trouble-absinthe
Dehouve et Warrant furent les premiers à proposer un Verse-eau, selon leurs propres termes, pour mouiller l'absinthe. J'en avais trouvé la publicité dans le journal Le Charivari du 19 octobre 1847 et l'avais publié dans le livre L'Absinthe-Les Cuillères, page 275.
Nouvelle publicité parue dans l'Annuaire du commerce de la Seine de 1865, ce qui montre que le Verse-eau de Dehouve a eu du succès. Document Delahaye.
Alors que le dépôt général des brevets d'invention commence en 1791, le brevet du Verse-eau
conservé dans les archives de l'INPI confirme qu'il est bien le premier instrument inventé pour mélanger l'eau à l'absinthe.L'absinthe est devenue d'un usage presque aussi général que le café. Mais sa préparation d'une manière convenable entraîne beaucoup d'inconvénients et même de fatigue. C'est pour éviter ces désagréments aux consommateurs que nous avons imaginé le vase fort simple qui fait l'objet de la présente description.
Ce vase dont le dessin est joint est en cristal, d'une capacité inférieure à celle du verre destiné à le supporter. Il est d'une forme circulaire avec un petit trou pratiqué au milieu du fond par lequel l'eau s'écoule lentement et dans des proportions convenables à la bonne confection de la liqueur, en permettant à la fermentation de s'opérer graduellement et sans que les garçons ou les consommateurs aient à s'en occuper. Il n'est pas besoin de détails pour faire comprendre combien le mélange qui résulte de ce procédé est supérieur à celui même qu'obtiennent les amateurs à force d'ennui et de précautions.
Le 28 janvier 1847, Dehouve et Warrant déposèrent un nouveau brevet décrivant un Verse-eau plus perfectionné. Le vase à poser sur le verre présente un godet central destiné à recevoir l'absinthe qui s'écoule dans le verre par le petit trou tandis que l'eau coule en même temps de chaque côté à partir de trous prévus dans le verse-eau. Le mélange eau-absinthe se fait ainsi simultanément.
Ce vase destiné à préparer l'absinthe laissait encore à désirer par rapport à la complication du service déjà embarrassé. Cela nécessitait une pièce de plus. Nous venons d'y remédier en y ajoutant au milieu un espèce de godet qui y est adhérent de la contenance d'un petit verre et qui le remplace. Un trou pratiqué au milieu fait que l'absinthe s'écoule lentement et en même temps que l'eau qui également s'écoule par deux trous percés dans le Verse-eau.
Dans la description, la phrase "un espèce de godet qui y est adhérent de la contenance d'un petit verre et qui le remplace" nous renseigne de façon précise sur la façon de servir l'absinthe dans les cafés à cette époque. Le garçon apportait un verre vide, un petit verre qui contenait la dose d'absinthe et une carafe d'eau pour faire le mélange. C'est le consommateur qui versait le contenu du petit verre dans son grand verre et ajoutait l'eau à sa guise. On remarquera, qu'à aucun moment, il n'est fait mention du sucre.
Le Verse-eau évoluera dans le temps pour donner toute la gamme des trouble-absinthe que l'on connaît.
Petits verres qui servaient de dose d'absinthe. Pour le grand : hauteur, 85 mm. Diamètre : 30 mm. Pour le petit : hauteur, 70 mm. Diamètre, 35 mm. Les contenances sont les mêmes. Collection Delahaye.
Marc Thuillier complète cette dernière information par la photo du Verse-absinthe à anse extraite du catalogue Brouquil jeune et Desplats gendre.
Je tiens à remercier toute l'équipe de l'INPI pour la communication de leurs archives.
Ces archives restent la propriété de l'INPI et ne peuvent être reprises sans leur autorisation.