Verrerie en Ouraline
L'ouraline est un verre dans lequel a été incorporé à la pâte en fusion de l'oxyde d'uranium qui va conférer au verre ou au cristal, une couleur typiquement jaune avec des reflets verts. On parle de dichroïsme.
En l'absence de tout autre colorant, la couleur de l'ouraline dépend du niveau d'oxydation du matériau et de sa concentration en ions uranium. Ses proportions varient généralement de 0,1 à 2 % du poids total de l'objet, mais certaines pièces du XIXe siècle peuvent en contenir jusqu'à 25 %. Dans ce cas, ils peuvent émettre des radiations d'un niveau légèrement supérieur à la radioactivité naturelle mais cependant sans réel danger.
En lumière naturelle, la teinte de l'ouraline est dichroïque : jaune vif à reflets verts. Collection privée.
La découverte de l'oxyde d'uranium, encore appelé urane, remonte à 1789 et est due à Klaproth suite à l'analyse d'un minerai originaire de Saxe, la pechblende. Les principaux gisements de pechblende exploités pour extraire l'uranium, se trouvaient en Bohème. Le plus connu est celui de Joachimsthal aujourd'hui épuisé. C'est ce gisement qui a fourni la pechblende à l'origine de l'extraction du radium par Pierre et Marie Curie.
Le développement de l'ouraline se situe vers 1830. Il est dû à un verrier de Bohème, Joseph Riedel, qui succéda à son oncle Xaver Riedel, le premier inventeur. La verrerie, établie à Dolni Polubny en Bohême, actuelle République Tchèque, prospéra de 1830 à 1848. Riedel a donné leur nom à deux variétés d'ouraline, "annagelb" et "annagrün", respectivement jaune et vert-jaune, en l'honneur de sa femme Anna Maria.
En France, c'est la cristallerie de Choisy-le-Roi qui présenta les premières pièces en ouraline lors de l’Exposition de l’Industrie Française de 1839. Elle sera rapidement suivie par la quasi-totalité des verreries et cristalleries françaises : Baccarat, Saint Louis, Clichy, Portieux, Vallerysthal, Bayel, Fains, Reims.
L'ouraline a commençé à se populariser à partir de la seconde moitié du XIXe siècle et a connu son âge d'or de 1880 à 1920. C'est à cette période qu'est apparu le terme d'ouraline. L'origine du mot n'est pas réellement déterminé et a fait l'objet de plusieurs hypothèses. Sa découverte ayant été faite peu d'années après celle de la planète Uranus découverte en 1781 par W. Herschel, certains ont pensé que le nom d'urane venait de là. Mais pour la plupart, ce terme aurait pour origine les chaînes montagneuses minières de l'Oural.
Le terme d'ouraline, qui n'existe qu'en France, a surtout été utilisé et popularisé par les antiquaires et les collectionneurs car il n'existe pas dans les catalogues des fabricants où l'on parle de "verre d'urane" ou encore de "verre dichroïde".
Outre leur couleur jaune brillante à reflets verts, les objets en ouraline sont reconnaissables par le fait qu'ils émettent une lumière fluorescente verte quand ils sont exposés aux ultraviolets. Attention de ne pas généraliser : tout ce qui est fluorescent ne contient pas de l'urane. Exemple, le papier ou la peau de banane !
Autre mise en garde : tous les verres uranifères ne sont pas de l’ouraline. Seule l'ouraline est jaune et dichroïque, les autres pouvant prendre toutes les nuances de vert, mais aussi être de couleur bleue, ambrée plus ou moins marron et même rose.
La gamme des verts est de loin la plus étendue, on passe d’un vert presque imperceptible au vert le plus foncé. La teneur en uranium est plus élevée pour les verres jaunes que pour les verres verts.
À la fin du XIXe siècle, les souffleurs de verre découvrirent qu'il était possible de tremper l'ouraline, c'est-à-dire de la refroidir brutalement après l'avoir chauffée à plusieurs centaines de degrés lors de sa fabrication. Cela induit une micro-cristallisation qui rend le verre plus résistant. Le verre ainsi produit devient opaque.
L'ouraline verte et opaque créée par la cristallerie de Baccarat a été baptisée chrysoprase.
Dans les pays anglophones, le terme générique de l'ouraline est uranium glass. Aux États-Unis pendant la Grande Dépression, on ajouta davantage d'oxyde de fer au mélange. Ce matériau, qui n'était plus à proprement parler de l'ouraline fut appelé vaseline glass en raison de sa couleur qui rappelait celle de la vaseline commercialisée dans les années 1920 dans ce pays. Ce terme est aujourd'hui fréquemment employé pour désigner un verre ayant la couleur de l'ouraline mais n'ayant pas toutes ses caractéristiques physiques. De nos jours, alors qu'en France la fabrication de la verrerie à l'urane est interdite, certains fabricants tels que Fenton Art Glass Company, Mosser Glass, Gibson Glass
la tradition du vaseline glass aux États-Unis.Ce terme
D
La découverte de la radioactivité en février 1896 par Henri Becquerel puis du radium en décembre 1898 par Pierre et Marie Curie donneront à l’ouraline une aura inégalée.
Mes remerciements au site http://www.ouraline.com