Artemisia absinthium, seule responsable ?
Les problèmes liés à une surconsommation d'absinthe ont été principalement imputés à la grande absinthe et plus exactement à sa molécule composante, la thuyone. Pour décrire les phénomènes physiologiques en résultant, l'Académie de médecine avait créé le terme d'absinthisme.
La grande absinthe est une plante très active, c'est un fait. Cependant, beaucoup d'autres plantes aromatiques interviennent dans la distillation de l'absinthe et notamment l'hysope dont la présence est assez importante dans les différents types d'absinthes, ordinaires ou fines. L'hysope intervient également pour la coloration de la plupart des absinthes.
Recettes d'absinthe publiées dans "L'Absinthe, histoire de la Fée verte, 1983" et "L'Absinthe-Son histoire, 2001". Source : "Duplais P., Traité de la fabrication des liqueurs et de la distillation des alcools, 1900".
Qu'en est-il de Hyssopus officinalis ?
L'hysope avec ses jolies fleurs bleues est loin d'être innocente.
C'est une plante vivace, touffue et mellifère de la famille des lamiacées. Elle peut atteindre 40 à 50 cm de hauteur. Ses tiges sont ligneuses à la base et portent de nombreuses feuilles, petites et opposées deux à deux qui tombent dès les premiers froids. La corolle des fleurs est bleue, violacée ou rose. L'hysope dégage une odeur pénétrante plus ou moins agréable.
L'hysope est considérée comme une herbe sacrée mentionnée dans la Bible pour son usage dans les rituels de purification. Dans l'Antiquité, elle était déjà utilisée pour soigner les bronchites et les pleurésies. Ces vertus pulmonaires, lutte contre la toux et divers états infectieux de l'appareil respiratoire, seront attestées au cours des siècles. Au IXe siècle, elle a été utilisée en fumigation, pour lutter contre les épidémies de peste.
Les vertus de l'hysope, comme celles de l'absinthe, sont donc nombreuses : expectorant, tonique permettant de traiter et de fortifier les muqueuses des voies respiratoires, antispasmodique, facilitant la digestion, antipyrétique en favorisant la sudation.
On prête même à son huile essentielle des propriétés antiseptiques et antivirales.
Le revers de la médaille
Dans sa composition chimique, outre des carbures mono et sesquiterpéniques et de nombreux autres corps, l'huile essentielle d'hysope comprend des cétones, principalement isopinocamphone et pinocamphone deux fois plus nombreux que dans l'essence d'absinthe et responsables d'une action épileptogène.
L'huile essentielle d'hysope est neurotoxique : la pinocamphone et l'isopinocamphone sont considérées comme responsables de son action épileptogène
En conclusion, on peut admettre que l'huile essentielle d'hysope officinale, qui ne contient pas de thuyone, bien que neurotoxique, et qui ne doit pas être consommée de manière régulière ou à fortes doses sous peine d'accidents va se rajouter à la thuyone de la grande absinthe qui ne devient plus par conséquent la seule plante responsable des problèmes physiologiques apparaissant chez l'alcoolique chronique.